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Les Brigandes : mais qui sont ces chanteuses masquées qui font polémique ?

L’internaute 04.01.2018
Chanteuses de l’extrême-droite identitaire, les “brigandes” n’hésitent pas à entonner des refrains aux paroles clairement xénophobes, conspirationnistes et homophobes.

“La culture, c’est véritablement une arme politique. Particulièrement à l’heure actuelle où on peut dire qu’on est véritablement sous l’occupation anglo-américaine”. Les Brigandes, qui s’exprimaient ainsi lors d’une interview diffusée sur leur compte Youtube en juillet 2015, ne s’encombrent pas de la nuance. Ce petit groupe musical, qui entonne des couplets clairement xénophobes ou homophobes sous des airs guillerets, se présente comme représentant d’une droite identitaire, qui défend la France face à “la gauche qui travaille sans relâche, que ce soit dans les studios d’enregistrement ou dans les ateliers de cinéma”. “C’est une guerre de propagande absolue”, assurait ainsi la chanteuse Marianne dans l’interview les présentant.
Sur le site Internet des chanteuses, on découvre une rengaine complotiste, qui condamne “toute forme de mondialisme uniformisateur et les lobbies financiers, politiques et religieux qui en sont les relais”. Le choix du nom de leur groupe n’est pas anodin : il fait référence aux “brigands vendéens”, les insurgés royalistes qui furent tués par les Républicains durant la révolution. Leur oeuvre musicale se situe bien au-delà du politiquement incorrect, se voulant antisystème, franchement hostile à tout ce qui heurte “la France éternelle”. L’auteur compositeur du groupe se présente sur le site officiel comme un “auto-entrepreneur de sensibilité royaliste, […] allergique à l’ordre mondial et à la civilisation matérialiste”. “La controverse fait rage à son encontre alors qu’il demeure inconnu d’une opinion manipulée comme jamais auparavant dans notre histoire”, ajoute le site du groupe.
Des chansons xénophobes
Si leur succès sur scène est très limité, les Brigandes mettent en ligne depuis des années leurs chansons, avec sous-titres, sur Youtube. Dans leur titre “Foutez le camp”, le propos est explicite : “Si vous n’aimez pas la France, ça n’a pas d’importance. Foutez le camp ! Brigitte Bardot et la charia, ça ne s’accordera pas. C’est pourtant facile à comprendre, nous ne pourrons pas nous entendre. Et comme il y en a un de trop, qu’il prenne un bateau”. Dans “France notre terre”, elles chantent : “France, notre terre, on ne peut te laisser humiliée et vaincue. […] Nous ne sommes plus que des détenus. […] Nous ferons payer cher la honte que nous avons bue”. Un autre titre, “Le grand remplacement”, fait référence à la théorie conspirationniste et xénophobe de Renaud Camus : “D’abord ils sont venus la main sur le coeur, pour du pain et du labeur, et nous les avons fait entrer. Mais ils ont voulu plus encore, ils ont débarqué en renfort par centaines de milliers”.


Un “clan” mené par un gourou
Si les Brigandes font l’objet ces derniers jours d’un nouvel éclairage médiatique, c’est du fait d’une plainte déposée par un habitant du petit village de la Salvetat-sur-Agoût, proche du lieu de résidence des chanteuses. L’homme qui a déposé plainte, Thierry Canals, tient un blog qui sur lequel il condamne l’idéologie diffusée par les chansons du groupe. Il dit avoir été agressé par des membres du groupe : “On sortait de la banque avec ma femme, ils ont essayé de nous coincer contre la barrière, ça a été un flot d’injures”, a-t-il expliqué à BFM TV. “On ne peut quand même pas laisser transformer La Salvetat-sur-Agoût en véritable capitale des identitaires et des fascistes”, ajoute Thierry Canals auprès du Dauphiné Libéré. Le journal régional, qui s’est rendu dans le village, fait aussi état de la gêne du maire de la commune qui “ne veut surtout pas communiquer sur le dossier ‘brigandes”, considérant cependant que les chanteuses n’ont jamais occasionné le moindre trouble à l’ordre public. Le Dauphiné Libéré affirme par ailleurs que les artistes vivent actuellement dans les locaux d’une ancienne colonie de vacances de la CAF, “en communauté fermée”, qui serait dirigée par “le présumé gourou Joël Labruyère, connu comme le loup blanc dans les milieux identitaires français et fondateur jadis de l’Omnium des libertés”.