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Ce que je voudrais enseigner à ma fille sur le féminisme pour qu’elle puisse comme moi être une femme libre

Céline Schwarz 22/01/2018
Installe-toi ma fille, nous allons parler. Parler est un grand mot, je vais te raconter, comme le féminisme a changé ma vie, ou changera la tienne.

Rassure-toi, je ne vais pas te faire un cours magistral sur le sujet ou presque. Mais je vais t’apprendre quelques notions pour que tu comprennes.


Tu auras peut être lu des articles, qui parlaient du hashtag “balance ton porc”, tu auras peut être vu des émissions sur le sujet. En 2018, le féminisme a encore du travail pour nous ayons des droits respectés.
Ces droits, dont je parle, commencent pour toi, avec la taxe rose. Cette taxe qui fait payer plus cher une paire de moufles de couleur rose, que la même en bleu. Ou alors qui s’illustre par des livres pour les “garçons” et pour les “filles”.
Ma chérie, chez nous, tu as un château rose, et un château gris . Tu as des poupées, et des voitures, tu as une cuisine blanche et non genrée. Tu es libre de porter des pantalons ou des jupes, et pourquoi pas des pantalons sous tes jupes façon Punky Browster.
Cette liberté de choisir de jouer avec tel ou telle chose, nous te l’offrons et nous ne t’imposons rien. Tout comme tes frères ont eu des poupées pour jouer avec. Tout comme tes frères au milieu des petits trains et des robots ont une dinette et une cuisinière, portent des tee shirts roses…


Ces droits vois-tu sont aussi importants que le droit de vote, le droit d’avoir un chéquier ou un compte bancaire sans l’accord de ton mari, ou tout simplement, le droit de disposer de ton corps.

Il y a tellement de Grandes Femmes qui tout au long de l’histoire ont oeuvré pour que tu puisses vivre et être l’égale des hommes.
Oui ma fille, sache que si je devais t’enseigner qu’une seule et unique chose:
C’est que tu peux tout faire comme homme. Avoir un salaire égal, travailler dans des métiers difficiles…
Pour exemple, je voudrais te raconter un peu le parcours de Tatie Sammy.
Elle s’est engagée comme parachutiste dans l’armée a 18 ans. Elle a fait tous les conflits, toutes les campagnes, toutes les guerres (ou presque) .
Afganistan, Sarajevo, Irak, Gabon, Guyane etc tellement d’autres…
Et elle a sauté partout. Parachutiste dans un monde d’hommes.
Elle a gagné ce droit au respect à la force de sa motivation.
Elle a gagné le droit de porter un treillis la semaine et des paillettes le week end.
Et un jour, ma fille, quelque soit ton choix, j’espère de tout coeur, que tu auras autant de courage qu’elle, et que tu pourras faire ce que tu veux dans la vie.
Je voudrais que tu saches ma fille, que Mamie, n’a pu avoir un chéquier qu’en 1975. Avant, elle devait demander à ton arrière Grand père, puis à mon père, l’autorisation. Bien heureusement, ces deux hommes étaient et sont respectueux des droits de la femme et de la parité. La notion de “bon père de famille” était très présente à l’époque.
Et l’est encore parfois dans d’autres cultures que la notre.


Alors en vrai le féminisme qu’est ce que c’est?

D’après la définition de Wikipédia:
Le féminisme est un ensemble de mouvements et d’idées politiques, philosophiques et sociales, qui partagent un but commun: définir, établir et atteindre l’égalité politique, économique, culturelle, personnelle, sociale et juridique entre les femmes et les hommes.
Le féminisme a donc pour objectif d’abolir, dans ces différents domaines, les inégalités homme-femme dont les femmes sont les principales victimes, et ainsi de promouvoir les droits des femmes dans la société civile et dans la vie privée.
“Abolir les inégalités homme-femme”,
“promouvoir les droits de la femmes” …
Mais pour ces Droits de nombreuses femmes, en France et par le monde sont mortes pour ces idées d’abolition des inégalités. Elles ont oeuvré pour tellement de belles choses.
Du proto-feminisme de l’Antiquité à la création de la toute première école pour fille en 1236 en Serbie, par Sainte Hélène d’Anjou. A la Révolution Française. où Olympe de Gouges, publie en 1791 la Déclaration des droits de la femmes et de la citoyenne.Les idées et le “féminisme” apparait et évolue…
Conforté, dans une société mouvementée par l’histoire, où Condorcet et d’autres hommes, revendiquent le droit de vote des femmes en vertu des droits naturels inhérents au genre humain.


GENRE HUMAIN…


Et oui ma fille, la femme réduite quasi en esclavage, n’avait pas alors de droits “naturels” et l’est encore, aujourd’hui dans certains pays…
Tu sais que les études , sont pour moi d’une grande importance, et si j’ai pu passer mon bac dans le lycée de mon choix, c’est parce que, Julie Victoire Daubié, a été la première femme autorisée à le passer à 37 ans, en 1861.
Alors oui, aujourd’hui, on te dira, qu’il ne vaut plus rien, qu’il ne sert plus à rien. Mais quelle fierté ma fille de l’avoir. Tout comme cette femme a attendu si longtemps pour être autorisé à passer le diplôme. Elle a ouvert la voie à toutes les femmes qui l’ont eu depuis…
Alors certes, ma fille, pendant les décennies suivantes, les femmes ont eu des cours et une instruction spécifiques à “leur condition”.


Et sans le féminisme que serait le droit de l’instruction pour tous?

Sans le féminisme, il y aurait encore des écoles pour filles, et des écoles pour garçons.
D’ailleurs, j’ai moi-même été dans une école pour “filles”. Je portais la blouse, j’avais des cours de cuisine, de savoir vivre etc… et mon Dieu que c’était triste et hors réalité.
Dans certains pays, des petites filles ne vont pas à l’école ou n’ont pas droit à l’instruction. Elles n’ont pas le droit de savoir lire, compter, ou penser par elles-mêmes. Elles n’ont parfois même pas le droit de porter une robe, ou d’avoir le visage découvert.
Alors ce droit d’instruction, il est fondamental et inaliénable.


J’espère qu’une jour, tu en auras conscience.

J’aimerais aussi te parler de ces femmes, qui ont mené le pays pendant les guerres. De toutes celles qui ont remplacé dans les champs, dans les usines, dans les travaux, dans la résistance, les hommes partis se battre. Comme Mémé, qui travaillait dans une usine. Qui ont prouvé à la force de leur motivation et de leur travail, qu’elles pouvaient faire tourner le pays.


Car oui, ma fille, ne doute jamais que tu peux faire autant qu’un homme!

J’aimerais tellement te parler, de celles qui ont permis d’obtenir le droit de vote. Ces suffragettes françaises , dont Mémé me parlaient souvent, qui militaient dans les villes et les campagnes, parfois contre l’avis de leurs maris. En toute illégalité, et qui prenaient bien souvent des coups en rentrant chez elles.
Celles qui comme Simone de Beauvoir, ont offert le droit d’être l’égal de l’homme dans la mariage, qui dénonçaient la domination des maris. Et, oui, on ne pouvait qu’être dominée et asservie par l’homme que l’on avait épousé.
Et ouf, ce n’est plus le cas en France, mais dans d’autre pays, les femmes, subissent encore l’aliénation et la domination d’un mari .Mari qui a droit de répudier ou non, qui a droit de vie ou de mort sur sa femme.


On a encore beaucoup de chemin pour arriver à faire tomber ces prisons, ces cages dorées.

J’aimerais te parler, de toutes celles qui comme Simone Veil, ont oeuvré en France , pour que tu puisses avoir le choix, de mener une grossesse ou non. Et surtout le droit de disposer de ton corps. Ces femmes là, ont dû se battre contre un société et des idées rétrogrades, et humiliantes.
De toutes celles qui se sont battus pour ces droits. Et pas seulement les extrémistes, et autres feministes intégristes. Qui se baladent couronnes de fleurs et seins à l’air dans les églises.
Je n’ai pas l’âme d’une FEMEN, rassure-toi. Et encore moins d’une militante.
Mais à mon petit niveau comme de nombreuses mamans/femmes, j’oeuvre au quotidien, pour que tu puisses toi aussi avoir des droits identiques à ceux des hommes. Que tu puisses grandir dans une société où la femme est libre.J’oeuvre pour tes frères apprennent à respecter les femmes.
Alors oui, si je devais un jour dire, que je suis féministe dans l’âme, je le dirais, ou le crierai d’ailleurs. Parce que le renier, c’est renier toutes ces femmes qui se sont battues pour que nos droits avancent grâce leurs idées politiques, philosophiques et sociales , et une lutte de chaque instant.
J’ai un immense respect, pour toutes celles qui me permettent aujourd’hui, de penser par moi même, d’être instruite, de pouvoir voter, de pouvoir décider de ma vie, et de pouvoir écrire librement.
Et surtout d’être respectée pour ce que je suis: une femme libre.
Alors ma fille, de toi à moi, j’espère te passer un jour le flambeau, pour que tu puisses toujours être libre de tes choix…