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Georges Tron : les détails scabreux des accusations portées contre lui

Martin Lemaire
GEORGES TRON – L’ancien secrétaire d’Etat est jugé à partir d’aujourd’hui pour viols et agressions sexuelles en réunion. Alors qu’il risque 20 ans de prison, les accusations portées contre Georges Tron sont assez explicites…

[Mis à jour le 12 décembre 2017 à 17h15] Maire de Draveil (Essonne) depuis 22 ans, Georges Tron comparait à partir d’aujourd’hui devant la cour d’assises du tribunal de grande instance de Bobigny. Deux anciennes employées de la mairie de cette ville du sud de Paris l’accusent de viols et d’agressions sexuelles. Les faits seraient étalés de 2007 à 2010, les deux plaignantes évoquent des séances de réflexologie plantaire qui auraient mal tourné au sein même de la mairie de Draveil. Virginie Faux, l’une des deux plaignantes, indique avoir rencontré Georges Tron en 2008 lors de la campagne des municipales. Lors d’un rendez-vous, elle rapporte que la conversation a tourné autour de la réflexologie et que Georges Tron a eu un comportement étonnant : “Il s’est levé, a attrapé mon pied et enlevé ma bottine. J’étais surprise de tant de familiarité”.
Massages, caresses et “pénétrations digitales”…
Suit un scénario qui semble bien rodé : des rendez-vous au restaurant, l’insistance de Georges Tron pour que l’intéressée enfile des bas, sa façon “d’attraper” l’un ou l’autre des pieds de la plaignante pour les poser sur “ses genoux”, de les retenir… Certains témoignages indiquent par ailleurs que, sous la table, c’était parfois Brigitte Gruel, adjointe de l’élu à l’époque des faits, qui pratiquait des massages. Massages qui seraient allés jusqu’aux attouchements intimes.
Eva Loubrieu, la deuxième ancienne employée de mairie qui met en cause Georges Tron, dit avoir été abusée à plusieurs reprises elle aussi alors qu’elle était en état de faiblesse. Sans emploi avant son embauche à la mairie, en instance de divorce, inquiète de conserver la garde de son enfant, elle affirme avoir été conviée par Georges Tron à un salon littéraire puis à un déjeuner où il lui aurait fait “du pied”, avec insistance. Georges Tron aurait aussi “soulevé” sa jambe et l’aurait “caressée”. Quand elle est devenue responsable culturelle du pôle livres en 2007, elle indique que les “convocations” dans le bureau du maire se sont multipliées, décrit les “massages de pieds, de jambes, puis de poitrine” et enfin des attouchements suivis de “pénétrations digitales”, qui, en droit français, sont assimilables à des viols s’il n’y a pas consentement.
Eva Loubrieu et Virginie Faux avaient saisi la justice en 2011. S’en était suivi un non-lieu en 2013, proclamé par les juges d’instruction d’Evry avant qu’un an plus tard, en 2014, la cour d’appel de Paris ne renvoie le dossier devant la cour d’assises. “Là, je me suis retrouvée face à une justice longue, difficile. Vous êtes mis sur le banc des accusés, il faut que vous prouviez par tous les moyens que vous avez été victime. Ma parole a été remise en question constamment, et rarement la sienne”, raconte aujourd’hui Eva Loubrieu à Europe 1. “Aujourd’hui, je souhaite enfin que ma parole soit entendue et que les personnes concernées soient jugées pour leurs actes”, poursuit-elle. 
Le FN mis en cause par la défense
Le procès n’intervient donc qu’en 2017, sous la possible impulsion de l’affaire Weinstein, ce producteur de cinéma accusé d’agressions sexuelles. Des accusations qui ont permis la libération de la parole de dizaines de femmes, même si l’avocat de l’une des deux plaignantes, Maître Alexandre-M. Braun, estime que ce procès “n’a rien à voir avec le hashtag ‘balancetonporc'”. La défense de Georges Tron, dirigée par son avocat Eric Dupond-Moretti, sera basée sur le profil des deux femmes. Certains témoins décrivent l’une comme une “alcoolique” et l’autre comme une “séductrice”.
Mais le célèbre ténor du barreaux invoque également un argument plutôt inattendu pour défendre son client : il serait victime du Front national, qui serait “derrière tout cela”. Les deux plaignantes seraient motivées par “un mobile financier” et leurs contacts avec la famille de Marine Le Pen ont été mis en exergue par Me Dupond-Moretti. “Dans l’ordonnance de non-lieu rendu par les deux juges, on met en exergue, clairement, et je pèse mes mots, les mensonges des plaignantes, et leur mobile financier, 300 000 euros”, a déclaré l’avocat sur franceinfo. Le verdict du procès doit être rendu avant le 22 décembre et pour l’instant, Georges Tron est toujours présumé innocent. Brigitte Gruel, son ancienne adjointe, également.
“Ma cliente a parfaitement perdu sa vie”
Six ans après avoir saisi la justice, Mmes Loubrieu et Faux ne travaillent plus à la mairie de Draveil. Mais les séquelles de ces agressions présumées sont tenaces, à en croire leurs avocats. “Ma cliente a parfaitement perdu sa vie : elle n’a plus de travail, plus de mari”, affirme à L’Express Maître Vincent Ollivier, qui défend les intérêts de Virginie Faux. Selon l’hebdomadaire, celle qui avait obtenu un CDD d’un an à la mairie serait partie se réfugier loin de Draveil : elle vivrait dans le sud de la France. Son ancienne collègue connaîtrait des maux similaires. L’avocat d’Eva Loubrieu fait état de la “lourde dépression” de sa cliente, qui n’aurait jamais repris le travail depuis qu’elle a quitté son poste à la médiathèque de Draveil.