General

Deux morts dans les mouvements de protestation en Iran

Le HuffPost avec AFP 31.12.2017
INTERNATIONAL – Deux personnes ont été tuées dans la soirée de samedi 30 décembre lors d’affrontements dans la ville de Doroud, dans l’ouest de l’Iran, a déclaré le vice-gouverneur de la province de Lorestan à la télévision d’Etat.

“Il y a eu une manifestation illégale samedi soir et un certain nombre de personnes sont descendues dans la rue et (…) malheureusement, deux personnes ont été tuées dans les affrontements”, a déclaré Habibollah Khojastehpour.
Depuis le 28 décembre, le pays est en proie à d’importants mouvements de protestation contre les difficultés économiques (notamment à cause de la question toujours sensible de son programme nucléaire) et le régime de Hassan Rohani.
Le vice-gouverneur de la province a accusé les “groupes hostiles et les services de renseignements étrangers d’être derrière les troubles”. “Notre objectif était de mettre fin pacifiquement aux protestations mais en raison de la présence de certains individus et groupes, cet incident s’est produit et deux personnes ont été tuées”, a déclaré Habibollah Khojastehpour, assurant cependant que les forces de sécurité n’avaient pas tiré sur les protestataires.
Selon un canal Telegram des Gardiens de la révolution, “des gens ayant des armes de chasse et de guerre sont venus parmi les protestataires et ont tiré à l’aveuglette sur les gens et contre la préfecture”. De nombreux habitants de la province de Lorestan possèdent traditionnellement des armes, y compris de guerre.
Les protestataires vont “payer le prix”
Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux ont montré des milliers de personnes défilant dans les villes à travers l’Iran dans la nuit de samedi à dimanche. Il est cependant difficile de vérifier l’authenticité de ces vidéos en raison du quasi black-out total des médias officiels.
Mais il s’agit des plus importantes manifestations depuis le mouvement de contestation contre la réélection de l’ex-président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad en 2009, qui avait été violemment réprimé.
Dimanche matin, le gouvernement a encore mis en garde les protestataire. “Ceux qui détruisent les biens publics, créent du désordre et agissent dans l’illégalité doivent répondre de leurs actes et payer le prix. Nous agirons contre les violences et ceux qui provoquent la peur et la terreur”, a déclaré le ministre de l’Intérieur, Abdolreza Rahmani Fazli, à la télévision d’Etat.
Pour sa part, le général Esmail Kossari, adjoint de la base Sarollah des Gardiens de la révolution, chargée de la sécurité de la capitale, a accusé les manifestants d’être des “séditieux” qui ne protestent pas contre les difficultés économiques mais sont “la suite du mouvement de sédition de 2009”.
Le président américain Donald Trump a réitéré samedi ses avertissements en direction du pouvoir iranien, déclarant que “les régimes oppresseurs ne peuvent perdurer à jamais”. Une déclaration qui risque de tomber dans l’oreille d’un sourd, à cause de tensions persistantes entre les administrations américaine et iranienne. Le ministère des Affaires étrangères à Téhéran avait déjà rejeté une précédente prise de position de Donald Trump, en affirmant que le peuple iranien n’accordait “aucune valeur (…) aux déclarations opportunistes” de Washington.
Le président iranien Hassan Rohani qui a été réélu triomphalement en mai dernier avec la promesse d’une amélioration économique et plus de liberté sociales et culturelles, n’a pas encore réagi à ces protestations.