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Tunisie : une troïka nouvelle formule

15/11/2017 Le Point Afrique
Une nouvelle donne à Tunis alors qu’on évoque l’idée d’un gouvernement de salut national. Soumis à de fortes turbulences, les deux principaux partis (Nidaa Tounes et Ennahdha) nouent une alliance avec l’UPL.

La photo a été prise dans le bureau d’Hafedh Caïd Essebsi, le fils du président de la République. Le leader de Nidaa Tounes fait face à Rached Ghannouchi, le patron historique des islamistes tunisiens, et à un revenant, Slim Riahi. L’homme, la mine plutôt sombre, arbore une nouvelle coupe de cheveux. Cet homme d’affaires, qui dirigea le Club africain, avait claqué la porte de l’union nationale qui prévaut depuis l’été 2016. Depuis, les ennuis judiciaires s’accumulaient pour le fondateur de l’UPL, arrivé troisième en nombre de sièges lors des législatives de 2014 avec seize députés (l’ARP en compte 217). Ses comptes en banque avaient été gelés par la justice, entraînant le rejet de nombreux chèques faute de provisions. Ce qui coûte cher en Tunisie : jusqu’à cinq ans de prison. Certains corrélaient ses déboires judiciaires avec son attitude politique.
Le voici désormais en position-clé au sein de la nouvelle troïka qui domine désormais l’Assemblée. Cette réunion à trois, chez Hafedh Caïd Essebsi, s’est tenue le 13 novembre. Message envoyé aux Tunisiens : désormais, il y a une alliance solide de trois partis qui mettra fin aux «  palabres  » qui nuisent au rendement de l’ARP. Message qui a été immédiatement suivi d’effets. Le lendemain, les trois partis mettaient fin au feuilleton de l’Isie (l’instance indépendante qui organise les élections) en faisant élire Mohamed Tlili Mansri président. L’Isie n’avait plus de président depuis plusieurs mois. Ce qui a entraîné le report des élections municipales prévues pour le 17 décembre. La veille, la nouvelle troïka avait fait fuiter que Mohamed Tlili Mansri était son candidat. Le lendemain, l’affaire était pliée. La question qui prévaut désormais : pourquoi ce choix ? Quatre autres candidats se présentaient au poste de président, dont l’actuel vice-président, Anouar Ben Hassen, qui n’a obtenu aucune voix. « C’était le candidat de Nidaa Tounes », dit-on d’un air entendu.