General

Ne rejetons pas les migrants, c’est nous nous qui les avons mis sur le chemin de l’exil

Franck Margain
Depuis quelques années, les flux de migrants vers l’Europe augmentent dramatiquement. On parle de dizaines de millions de personnes, souffrant de la misère et de la guerre, qui quittent leurs pays et leurs foyers et tentent de venir chez nous.

Dans le même temps, on constate que la société française s’est fragilisée, économiquement et culturellement. Sa capacité d’accueil est affaiblie. Beaucoup de Français ont même le sentiment d’être envahis. Alors qu’eux-mêmes ont des difficultés à vivre, à trouver du travail, ou à se loger, voici qu’on leur dit que des gens fuyant leur pays veulent s’installer ici.
Devant ce problème humain et social grave, nombre de politiciens ou d’acteurs de la vie politique ont réagi, avec plus ou moins de scrupules et de vergogne, avec plus ou moins de cynisme.
Les identitaires nationalistes ne considèrent le problème qu’à l’arrivée des flux. Voyant qu’il y a trop de personnes ne correspondant pas à leurs critères qui viennent, ils préconisent de les bloquer tous avant qu’ils ne puissent entrer.
Les ultralibéraux sans identité, pour qui ces arrivants ne sont qu’un tas de travailleurs corvéables, ne voient aucun inconvénient à les laisser tous entrer et même davantage. Madame Merkel est monté jusqu’au million, disent-ils, pourquoi pas nous?
Ensuite, on a toutes les nuances intermédiaires. Mais majoritairement, ce qui se dit c’est qu’il faut en accueillir un certain nombre, et rejeter les autres, les renvoyer chez eux ou dans un autre pays européen.
Mais en réalité toutes ces positions et ces préconisations passent complètement à côté du problème. Posons-nous quelques questions de bon sens:
Pourquoi des Syriens viennent par dizaines de milliers en Europe, alors qu’auparavant il n’y avait pas de migration depuis la Syrie? Réponse: parce que notre gouvernement a participé à semer le chaos dans leur pays.
Pourquoi des centaines de milliers de personnes traversent la Méditerranée en bateau depuis la Libye pour venir chez nous clandestinement alors qu’auparavant il n’y en avait pas? Réponse: parce que notre gouvernement a détruit l’Etat libyen.
Alors, il est aujourd’hui extrêmement mal venu de rejeter ces migrants qui viennent chez nous, alors que nous les avons nous-même mis sur le chemin de l’exil. On ne peut pas semer la guerre et venir ensuite se plaindre des conséquences.
Ces migrants comme on dit aujourd’hui, ou ces immigrés comme on disait hier, ne sont ni une chance, ni une malédiction pour la France. Ce sont des gens comme nous, avec leurs qualités et leurs défauts, des gens honnêtes et d’autres des délinquants… Tout ce qu’il y a de plus banal.
Nous devons non pas seulement les accueillir, mais les accueillir bien. Souvenons-nous que maltraiter l’étranger est un acte qui crie au ciel! Il n’est pas tolérable de voir tant de gens dans les rues, ou dans des camps de fortune, tenter de survivre misérablement. Ces gens qui sont déjà arrivés chez nous, nous devons prendre soin d’eux, par humanité, mais aussi pour notre propre intérêt.
Dans le même temps, il faut que nous soyons responsables. Nous ne pouvons pas supporter indéfiniment ces flux, c’est évident. Mais alors arrêtons les causes des départs. Il faut au bas mot, tripler l’aide publique au développement et la concentrer sur les pays d’émigration, pour aider les gens à rester chez eux. Il faut oeuvrer pour mettre fin aux conflits armés et cesser toute politique de destabilisation de pays étrangers. Et alors nous verrions un reflux.