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Sables bitumineux : Vinci s’engage dans la construction d’un oléoduc controversé au Canada

11 Octobre 2017

Vinci va construire un oléoduc géant destiné à acheminer les sables bitumineux de l’Alberta vers la côte Ouest du Canada. Le projet TransMountain Expansion, qui vise à favoriser le développement et l’exportation de cette source d’énergie extrêmement polluante, est pourtant fortement contesté par les communautés autochtones, les militants du climat et même les autorités de Colombie-Britannique. À l’autre bout du pays, le projet d’oléoduc lui aussi très controversé Énergie Est vient d’être officiellement abandonné par son promoteur.

Le groupe français Vinci se chargera de construire une partie de l’oléoduc TransMountain, qui vise à tripler les capacité de transport de pétrole issu des sables bitumineux de l’Alberta vers les côtes de la Colombie-Britannique, au niveau de la banlieue de Vancouver, en vue de son exportation sur les marchés mondiaux.

L’annonce intervient au moment même où s’ouvre un procès opposant Kinder Morgan, l’entreprise porteuse du projet, à plusieurs Premières Nations, à des organisations écologistes et aux villes de Vancouver et Burnaby, soutenues par les autorités de Colombie-Britannique. Les plaignants accusent l’entreprise d’avoir manqué à ses obligations d’études d’impact environnemental et de consultation des populations autochtones. Ils craignent aussi les conséquences potentielles d’un afflux de pétroliers géants au large de leurs côtes. Ce qui n’a pas empêché Kinder Morgan, forte de l’autorisation officielle du Premier ministre canadien Justin Trudeau l’année dernière, de lancer les travaux.

Le contrat remporté par Vinci pour « plusieurs centaines de millions » porte sur une section de l’oléoduc dans la vallée de la rivière Coquihalla, en Colombie-Britannique.

Au même moment, à l’autre bout du Canada, la firme TransCanada a annoncé l’abandon définitif de son projet Énergie Est, qui visait à acheminer le pétrole des sables bitumineux vers la côte Est et, potentiellement, vers l’Europe, et qui avait fait l’objet d’une forte résistance notamment au Québec (lire notre enquête).

Vinci, spécialiste des oléoducs et gazoducs
Les projets d’oléoducs géants comme le KeyStone XL (abandonné par l’administration Obama mais que Trump souhaiterait relancer), Énergie Est ou encore TransMountain sont devenus un champ de bataille majeur en Amérique du Nord en raison de leur caractère stratégique à la fois pour l’industrie pétroliere et pour la cause du climat. Leur construction permettrait en effet de poursuivre le développement des sables bitumineux canadiens, une source d’énergie potentiellement considérable mais extrêmement coûteuse et émettrice de gaz à effet de serre.

Si l’on met souvent en avant le rôle des intérêts pétroliers et gaziers dans la promotion de ce type d’infrastructures, le secteur de la construction et du BTP en est l’autre grand bénéficiaire. Vinci, à travers sa filiale Spiecapag, s’affiche comme « l’une des premières entreprises mondiales dans le domaine des oléoducs, des gazoducs et des systèmes associés ». La multinationale française s’occupe en ce moment même du chantier du gazoduc lui aussi très controversé Trans Adriatic Pipeline en Albanie et en Grèce (lire notre enquête : Des Italiens se battent pour protéger leurs oliviers contre un gazoduc géant soutenu par Vinci et la Société générale).