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L’industrie du nucléaire en déclin est dépassée par les renouvelables

12 Septembre 2017

Encore importante, l’industrie nucléaire est en déclin, constate le « Rapport mondial sur l’industrie nucléaire » : il n’y a qu’en Chine qu’elle se développe encore, quoique lentement. Les énergies renouvelables sont clairement pèsent maintenant plus lourd en investissement et deviennent le secteur énergétique de l’avenir.

L’industrie mondiale du nucléaire a clairement entamé son déclin, constate le rapport World nuclear industry status report 2017, publié mardi 12 septembre. Faillite des géants historiques, retard dans la construction des futures centrales, vieillissement des infrastructures… L’atome se fait progressivement distancer par les énergies renouvelables.
Porté par 403 réacteurs en activité dans le monde, le secteur du nucléaire est devenu un géant aux pieds d’argiles, miné par des problèmes économiques, de renouvellement des centrales, et dont la rentabilité s’essouffle face aux énergies renouvelables. Le rapport dresse le panorama exhaustif du parc nucléaire mondial, et fournit des données relatives à son exploitation, sa production et aux constructions de réacteurs.

Depuis son maximum historique en 1997 de 17,5%, la part du nucléaire dans la production mondiale d’électricité s’est stabilisée depuis cinq ans aux alentours de 10,5 %. Dans le peloton de tête des producteurs mondiaux, on retrouve dans l’ordre les États-Unis, la France, la Chine — qui est remontée d’une place par rapport à l’année précédente — la Russie et la Corée du Sud. Ils ont ensemble produit 70 % de l’électricité nucléaire mondiale, dont 48 % pour les États-Unis et la France à eux seuls.


Au cours de l’année 2016, 10 réacteurs ont été mis en service à travers le monde : cinq en Chine, et cinq autres respectivement par l’Inde, la Russie, la Corée du Sud, le Pakistan et les États-Unis. Lors du premier semestre de 2017, deux réacteurs ont été mis en service en Chine et au Pakistan. Sur cette période, quatre réacteurs ont été arrêtés par la Russie, les États-Unis, la Corée du Sud et la Suède. Actuellement, 31 pays exploitent des réacteurs nucléaires pour satisfaire leurs besoins énergétiques et revendre le surplus à leurs voisins, portant à 403 le nombre total de centrales en activité.
Les géants de l’industrie en déroute financière

Les temps ont été durs pour les magnats de l’atome : le plus grand constructeur de l’histoire du nucléaire, Toshiba-Westinghouse, a déposé le bilan en mars 2017. La compagnie française Areva s’est elle aussi retrouvée en faillite technique avec une perte cumulé de 12,3 milliards de dollars sur six ans. L’État français a été obligé de le renflouer à hauteur de 5,3 milliards de dollars — couverts, donc, par les contribuables — et d’organiser un plan de sauvetage comprenant la reprise par EDF de la branche de construction et services Areva NP. Cerise sur le pain d’uranium, l’entreprise s’est également empêtrée dans un scandale de contrôle-qualité qui a entraîné l’arrêt provisoire d’une douzaine de réacteurs en France. Cette affaire a miné la réputation et la valeur d’Areva.
Ces exemples parmi d’autres dévoilent une industrie financièrement fragile. « On assiste à l’effondrement du cours des actions des grandes compagnies nucléaires, et à la dégradation de leurs notes par les agences de notation », résume l’étude.
Le vieillissement des centrales nucléaires accroît les risques

Faute d’un programme suffisant de renouvellement, le parc nucléaire mondiale subit — exception faite de la Chine — un vieillissement inquiétant. En 2017, plus de la moitié des réacteurs en activités le sont depuis au minimum 31 ans. Si la prolongation de la durée d’exploitation au-delà de la durée autorisée est à géométrie variable selon les pays concernés, 84 réacteurs américains sur 99 ont obtenu une autorisation de fonctionner jusqu’à 60 ans, soit bien au-delà des 30 à 40 ans prévus à l’origine.
En France, « on procède par extension de dix ans, indique le rapport. L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a clairement indiqué qu’il n’y avait aucune garantie pour que l’ensemble du parc passe l’évaluation en profondeur de la visite des quarante ans. » Mais cette prolongation généralisée « serait en contradiction avec l’objectif de réduction à 50 % de la part du nucléaire dans la production d’électricité à l’horizon 2025 (contre 75 % actuellement) fixée par la loi ».
Les énergies renouvelables distancent le nucléaire

La comparaison entre le nucléaire et les énergies renouvelables a longtemps été un duel entre la première considérée comme « trop importante pour échouer » et la seconde « trop négligeable pour compter ». Or depuis 1997, les énergies renouvelables ont « produit quatre fois le nombre de kilowatts-heure d’électricité de plus que l’atome » indique le rapport. Ce changement de donne s’affirme plus fortement chaque année. En 2016, le taux de croissance de la production mondiale était de 30 % pour l’énergie solaire et de 16 % pour l’éolien. En comparaison, l’énergie nucléaire n’a augmenté que de 1,4 %, du fait essentiellement de la Chine.

Ces énergies renouvelables se révèlent moins coûteuses sur le marché que le nucléaire. « Des enchères d’énergies renouvelables ont enregistré les prix les plus bas — 30 dollars/mégawatt-heure et moins — au Chili, Mexique, Maroc, Émirats Arabes, et aux États-Unis », indiquent les chercheurs, alors que « les coûts moyens de production dans des centrales nucléaires amorties aux États-Unis étaient de 35,5 dollars » pour la même quantité d’énergie produite.