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Accueillir un réfugié dans son jardin est désormais possible avec « In My BackYard »

9 septembre 2017

Face à la crise des réfugiés, l’Europe et la France ont bien du mal à mettre en place une politique d’accueil efficace, et surtout, humaine. Contrairement aux intox relayées en masse par les groupes identitaires, les réfugiés ne bénéficient que d’une aide très maigre et sont très loin d’être logés gratuitement. Conséquence, les camps de fortune fleurissent à l’intérieur et en périphérie de nos villes où des associations œuvrent tous les jours pour trouver des solutions de survie. Parmi elles, on trouve l’association Quatorze, spécialisée dans l’architecture sociale et solidaire, et qui a mis au point le projet « IMBY – In My BackYard » (Dans mon Jardin). Son but ? Permettre la construction de tiny-houses dédiées à l’accueil temporaire des réfugiés.

« IMBY », In My BackYard

Le nom du projet « In My BackYard (IMBY) » n’est pas anodin. Alors que nous connaissions le courant réac du « NIMBY (Not In My BackYard) » (pas dans mon jardin), il s’agit ici de prendre la tangente inverse. Lancé par l’association française Quatorze, le projet s’inscrit dans le « virage citoyen d’accueil des réfugiés chez les particuliers ». Pour cela, IMBY table également sur un autre concept : l’hospitalité constructive. Un véritable pied de nez aux groupes identitaires qui ne cessent de marteler « et pourquoi vous ne les prendriez pas chez vous ? » Et pourquoi pas ?

L’idée est assez simple, et fait appel à plusieurs acteurs. Un propriétaire, tout d’abord, propose son terrain (un jardin), afin que l’association y monte en quelques jours seulement une tiny-house vouée à accueillir une à deux personnes réfugiées. Le chantier, quant à lui, est participatif et assuré par les membres de l’association. Et une fois la micro-maison montée, réfugiés comme propriétaires peuvent bénéficier de leur intimité.

Cherchant également à promouvoir l’aspect social, environnemental et économique de l’habitat responsable, l’association porteuse du projet a à cœur de travailler à l’élaboration d’une architecture agile et résiliente. Ainsi, chaque « tiny » est construite à partir de modules en bois et de biomatériaux et peut accueillir jusqu’à deux personnes dans 20m2. Équipée d’une cuisine, d’une salle de bain, de toilettes et d’une pièce de vie, la maison s’adapte à tous les jardins dans un très petit espace (et coche plus de cases que certains appartements loués dans la capitale française).

Un projet humain avant tout

Une fois implantée dans le jardin des propriétaires volontaires, la tiny-house est destinée à y rester et à y accueillir des réfugiés pour une durée minimale de deux ans. Au terme de cette période, la famille d’accueil pourra décider de continuer l’expérience, ou non. D’après l’association, il s’agit tout autant d’offrir un toit décent à des personnes en situation d’immense précarité, que d’établir une passerelle entre la situation de ces personnes et la société et l’intégration. Il s’agit donc de générer une mixité sociale, mais aussi de casser la logique spatiale de la ville et de sa périphérie. Les personnes réfugiées ne sont plus cantonnées aux bidonvilles hors de la ville, elles trouvent une nouvelle place à l’intérieur de celle-ci. De plus, la solution permet de répartir les réfugiés à travers le pays, plutôt que de les voir se concentrer en un seul point.

Mais l’habitat n’est pas tout. En plus d’un toit, une association partenaire est chargée d’opérer un suivi social. Il s’agit du programme ELAN du Samu social. Sous l’œil bienveillant de professionnels, les personnes réfugiées bénéficient d’un suivi psychologique, d’un accompagnement administratif pour bénéficier de leurs droits à la santé, mais aussi d’un accompagnement vers l’emploi et un logement pérenne. Vous l’aurez compris, il ne s’agit pas d’installer les réfugiés dans les jardins des propriétaires pour une durée infinie. Mais bien d’offrir à ces personnes un lieu sûr et un laps de temps suffisant pour qu’elles puissent se remettre sur pied. Enfin, IMBY propose un module de formation pour transmettre les savoir-faire de l’éco-construction aux réfugiés, leur permettant ainsi de participer à ce beau projet.

La solution semble donc autant favorable aux réfugiés qu’à la société elle même. En octobre, la toute première tiny house-sera montée à Montreuil, près de Paris, dans le jardin d’un couple de propriétaires. La mise en route de ce chantier de co-construction est donc imminente et un crowdfunding pour soutenir le projet est encore en cours pour quelques jours.