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Un élu FN demande la dissolution d’une association d’aide aux migrants

13 Juillet 2017

Ils refusent d’abandonner les migrants, souvent perdus et affamés, au bord des routes. Depuis des mois, les bénévoles de l’association Roya Citoyenne tentent d’apporter leur aide aux centaines de réfugiés bloqués à Vintimille, à la frontière franco-italienne. Mais cette solidarité n’est pas du goût d’Olivier Bettati, conseiller régional et vice-président du groupe FN Provence-Alpes-Côtes d’Azur. Début juin, il a déposé un référé devant le tribunal de grande instance de Nice pour demander la dissolution de l’association [1]. Dans le journal Nice Matin, il accuse Roya Citoyenne de servir « de base opérationnelle pour aller chercher des clandestins, les faire passer la frontière » [2].

L’élu vise en particulier Cédric Herrou, membre de Roya Citoyenne : cet agriculteur a été condamné en février dernier à 3000 euros d’amende pour avoir pris en charge des migrants en Italie, mais a été relaxé pour les autres faits qui lui étaient reprochés, notamment leur hébergement ainsi que leur transport sur le territoire français. « Il est le dernier maillon d’une entreprise mafieuse, c’est un danger, car ces gens qu’il fait passer, il ne sait pas d’où ils viennent, ni qui ils sont. Nous ne sommes pas à l’abri qu’un terroriste se serve d’Herrou pour rentrer chez nous », accuse même Olivier Bettati, qui n’hésite pas à multiplier les amalgames.

« Nous les mettons à l’abri comme nous y autorise la loi »

« Nous rappelons que, malgré les mises en examen de citoyens solidaires, membres (ou pas) de l’association Roya Citoyenne, aucun n’a été poursuivi pour “activité mafieuse” », réagit l’association. « Roya Citoyenne n’est pas une entreprise mafieuse qui irait chercher les réfugiés pour les introduire sur le sol français. Quand ils arrivent dans la vallée de la Roya par leurs propres moyens, dans un premier temps, nous les recueillons, les soignons, les hébergeons et les nourrissons, en bref nous les mettons à l’abri comme nous y autorise la loi. Dans un second temps, nous les aidons à faire valoir leurs droits, notamment celui d’être informé et éventuellement de déposer une demande d’asile en préfecture. » (Lire à ce sujet : 50 km à pieds et trois jours de marche pour déposer une demande d’asile)

L’audience aura lieu au tribunal de Nice le mardi 18 juillet à 9H. « Au-delà de la situation spécifique à la Roya, c’est l’ensemble des associations d’aide aux migrants qui est visé, et même, le droit d’association qui est menacé », alerte un militant. Un rassemblement de soutien à l’association Roya Citoyenne est prévu devant le TGI de Nice avant l’audience.

– Pour aller plus loin : À la frontière franco-italienne, les habitants de la vallée de la Roya risquent la prison pour avoir aidé les migrants

Notes
[1] Voir un extrait du référé sur le site du Gisti
[2] Voir l’article de Nice Matin