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Aucun de nous n’a le droit ni le devoir d’obéir quand du tort est fait en notre nom !

par Evelyn Hecht-Galinski, Sicht vom Hochblauen, traduit par : Christiane
Reynaud.



Constamment paraissent des articles, comme récemment dans
le journal Tagesszeitung, sur le
« reproche d’antisémitisme ». Dans cet article l’auteur réclame bel
et bien que la société majoritaire se solidarise « sans réserve »
avec les enfants juifs et leurs parents. (https://www.taz.de/Archiv-Suche/!5406125&s=lagodinsky/)
Quand Sascha Stawski, un des plus virulents représentants
du lobby israélien et organisateur de « Honestly Concerned » de la
Journée d’Israel « I like Israel », croit devoir critiquer, dans une
interview de la Frankfurter Neue Presse
intitulée « Auch Juden können Antisemiten sein[1] » la décision du
tribunal régional de Francfort en faveur de la liberté d’opinion et du congrès « 50
Jahre israelische Besatzung[2], cela prouve sa conviction
« démocratique » ! Cet important congrès pourra avoir lieu comme
prévu du 9 au 10 juin à l’Ökohaus de Frankfurt-Bockenheim. Stawski considère en
effet cette décision du tribunal comme juridiquement attaquable. Il essaie
aussi de cataloguer ce congrès et les conférenciers comme antisémites parce
qu’ils critiquent la politique d’occupation israélienne illégale et soutiennent
le mouvement BDS. Il faut absolument protester avec fermeté. Stawski a bel et bien
organisé une contre-manifestation avec des fauteurs de trublions du lobby
pro-israélien. Les conférenciers contestaires de cette
« manifestation » qui aura lieu pendant le congrès devant la
« Ökohaus » seront le maire chrétien-démocrate Uwe Becker qui avait
en vain ( !) essayé de faire interdire le congrès, la social-démocrate
Michaela Engelmeier et la conseillère municipale Jutta Ditfurth du groupe
ÖkoLinX ainsi que, comme cerise sur le gâteau, le Vert philosémite Volker Beck!
La crème de la crème des partis allemands « qui sait comprendre Israël »
se retrouve là pour soutenir « l’État Juif d’occupation et
d’apartheid ».
En effet, les Verts devraient sérieusement se poser la question
si certains protagonistes comme Volker Beck avec son soutien exagéré de
« l’État Juif » et d’autres collègues avec leur éternel dénigrement
de la Russie et de la Turquie ainsi que leur politique moralisatrice, ne leur
ont pas été préjudiciables. Cette politique montre clairement la raison de la
chute des résultats électoraux. Mais les partis social-démocrate et
chrétien-démocrate devraient aussi réfléchir combien de temps ils veulent
encore tolérer impunément les infractions au droit international de
« l’État Juif » en vertu de « notre relation
particulière » ?
La prochaine campagne électorale va-t-elle combler la
période creuse de l’été avec des slogans comme culture de référence,
interdiction de la burqa, double nationalité, le dénigrement de la Turquie et
de la Russie ? Devons-nous nous attendre à une plus grande israélisation,
au bracelet électronique, à la reconnaissance faciale, au partage des données
de vol, toutes ces mesures qui ont pour but d’attiser la peur du terrorisme
mais aussi de marquer le début d’une nouvelle guerre froide pour détourner
l’attention de ses propres lacunes. Qu’est donc devenue l’Allemagne ?! Les
lobbyistes, les Thinktanks états-uniens, le lobby pro-israélien ont pris
possession de la souveraineté de l’opinion dans les médias. Une nouvelle
profession plus que prometteuse qui semble pousser comme un champignon est
« critique de l’Islam ». Par contre les critiques d’Israël n’ont pas
de perspective prometteuse. Officiellement, il n’y en a même plus car ils sont
dénigrés comme « ennemis d’Israël » ou même « ennemis des Juifs »
ou antisémites.
L’Union Européenne vient de décider de voter une nouvelle
résolution contre la politique illégale d’occupation et de colonisation de
« l’État Juif ». Mais si elle ne reste que le geste sans
signification d’un tigre de papier et, si l’Union Européenne ne prend pas enfin
des mesures de boycott, cette résolution restera une résolution inutile ! http://www.n-tv.de/politik/EU-plant-neue-Resolution-gegen-Israel-article19841127.html
Un bon début serait de décider enfin que « l’État
Juif » n’ait plus le droit de participer au European Song Festival.
« L’État Juif » ne fait pas partie de l’Europe et la politique du
régime de Nétanyahou ne satisfait pas non plus aux critères d’affiliation de
l’Union européenne de radio-télévision EBU. A vrai dire, on peut avoir de plus
en plus de doute sur la sincérité de l’EBU qui accepte tant d’exceptions que tout
le ESC a été dévalué jusqu’à ne devenir qu’une farce politique comme,
dernièrement, en Ukraine plus que corrompue !
Qu’est-ce qui se cache derrière la campagne actuelle du
lobby pro-israélien de toujours essayer de mettre les réfugiés musulmans et les
écoliers dans le camp des antisémites et de flairer l’antisémitisme de tous les
côtés ? Loin de moi l’idée de vouloir minimiser l’antisémitisme véritable
mais l’amalgame de l’antisionisme et de l’antisémitisme en tant que haine des
Juifs ne doit pas être accepté sans objection. Cette assimilation injuste ne
fait que servir des gens comme Lagodinsky, Volker Beck, Jutta Ditfurth, de
diffamer l’Allemagne en tant que bastion de l’antisémitisme et de mettre aussi
des gens courageux qui osent critiquer « l’État Juif » et sa
politique illégale d’occupation dans le camp des antisémites. Il faut empêcher cela !
Les Juifs ne doivent pas avoir de statut spécial ni avoir droit à une  protection spéciale ou même à une fausse
solidarité ou à un traitement de faveur. La coexistence ne peut réussir que sur
pied d’égalité et sans mauvaise conscience pour des torts que la génération
actuelle n’a pas commis ! De nouveaux torts ne doivent jamais cacher,
dissimuler, tolérer ou pire encore, se solidariser avec des torts passés.
Oui, nous avons tous une grande responsabilité mais elle
comprend justement aussi une responsabilité de l’Allemagne pour la Palestine
occupée illégalement et pour son peuple occupé par les occupants juifs. Nous ne
devons pas permettre aux politiciens allemands de toujours essayer de minimiser
cette injustice avec des critiques craintives. Tous les partis font de la lèche
par soumission. Entre-temps  les traces
de bave sont devenues un tsunami qui, espérons-le, va engloutir quelques uns de
ces amis d’Israël !
On nous bombarde presque tous les jours avec ce genre
d’articles alors qu’on ne parle pas des méfaits de l’État Juif d’apartheid. Les
assassinats commis par les « soldats 
de la défense juifs sont volontiers présentés comme des actes
d’auto-défense  alors que les
Palestiniens sont toujours qualifiés de terroristes dans la presse allemande !
Personnellement, je suis d’avis que les Palestiniens sont
de malheureux résistants qui sont si désespérés qu’ils n’hésitent même pas à
risquer leur minable vie sous l’occupation 
pour une résistance légitime. On leur a tout pris, leurs biens, leur terre,
leur culture et maintenant même leur langue. On leur interdit tous leurs
souvenirs et leurs commémorations qui doivent être effacés alors que les
occupants juifs célèbrent régulièrement leurs journées commémoratives et leurs
festivités. La communauté internationale hypocrite s’est si bien accommodée de
cette situation que le régime de Nétanyahou peut se détendre et duper les
politiciens allemands au grand jour ! Voilà pour la « relation
particulière » entre amis !
C’en est assez des relations particulières et des
amitiés : pas de raison d’État pour la sécurité de « l’État
Juif » tant que celui-ci écrit la judaïsation comme raison d’État sur son
drapeau ensanglanté avec l’étoile de David !
Au sujet de la Nakba, après des recherches approfondies dans
les archives militaires israéliennes, 
l’historien israélien  Ilan Pape
parle « d’épurations ethniques » commises par des milices juives.
Contrairement à la  version maintenue
jusqu’à nos jours par Israël « d’une terre sans peuple pour un peuple sans
terre » se trouvent aujourd’hui plus de 12 millions de Palestiniens et
Palestiniennes dans le monde dont 5,49 millions sont enregistrés comme réfugiés
à l’Agence d’aide aux réfugiés palestiniens des Nations Unies (UNWRA).
La résolution 194 (III) des Nations Unies du 11 décembre 1948 a bien décidé
d’accorder aux réfugiés palestiniens le droit de retour ou une compensation
mais jusqu’à présent cette résolution n’a pas été appliquée. Comme autrefois il
existe encore 58 camps de réfugiés palestiniens en Jordanie, au Liban, en
Syrie, à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. La situation dans les camps à
forte densité de population est caractérisée par la pauvreté, le manque
d’infrastructure et le chômage. Le droit des réfugiés palestiniens de retourner
dans leur terre d’origine et leurs propriétés ou de recevoir une compensation
comme prévu par la résolution 194 des Nations Unies ne doit pas tomber dans
l’oubli mais doit être respecté, protégé et soutenu. La Nakba n’est pas un
événement isolé – elle persiste jusqu’à nos jours.
Encore 69 ans plus tard, le peuple palestinien subit les
conséquences globales de l’occupation israélienne et de ses mécanismes comme
les expulsions, les expropriations, la colonisation, l’apartheid et d’autres
violations quotidiennes des droits de l’homme.
Nous avons aussi été témoins d’actes cruels à Gaza quand
« l’Armée de défense juive » a exterminé des familles palestiniennes
entières et gratifié la population civile de frappes aériennes meurtrières sur
des zones fortement peuplées – toujours sous prétexte  de « lutter seulement contre le
terrorisme ». Nous n’avons même pas envoyé de navires-hôpitaux à Gaza lors
de ce « massacre juif » odieux contre la population enfermée !
N’était-ce pas non-assistance à personnes en danger, au-delà de tout
comportement civilisé ? Est-ce cela, la « communauté de valeurs
judéo-chrétienne » ?
Walter Herrmann a été inculpé parce que, d’après le
tribunal de Cologne, il avait exposé des images venant de « zones de
conflit israélo-palestinien » représentant des atrocités de guerre
« prétendues » contraires au droit international et inhumaines. Il
s’agissait de photos d’enfants et d’adolescents de Gaza morts, grièvement
blessés et ensanglantés. Déjà à l’époque j’avais écrit que ce n’était pas  Walter Herrmann et le « Mur des
Lamentations de Cologne » qui portaient atteinte à la dignité humaine mais
seulement et uniquement les violations du droit international et des droits de
l’homme commises par les « soldats juifs de la défense » qui, en
assassinant des milliers de civilistes à Gaza dont plus de 450 enfants
palestiniens, ont porté atteinte à la dignité humaine.
Que retenons-nous de tout cela ? Quand les médias
nous montrent des photos d’atrocités de 
guerre servant leurs tendances, c’est légitime, mais quand il s’agit de
montrer des atrocités commises par « l’Armée de défense juive »,
alors elles mettent la protection des mineurs et la dignité humaine en péril,
sans parler de la « solidarité inconditionnelle » avec les Palestiniens !
L’’argument-massue politique du reproche d’antisémitisme trouve
naturellement un terrain fertile en Allemagne grâce à des contre-vérités
malpropres et à la diffamation de personnes de conscience qui ne veulent pas se
laisser intimider. Le résultat est toujours le même : les pseudo-sionistes
se font entendre immédiatement et trouve un écho médiatique tandis que les
critiques de la politique israélienne sont cloués au pilori ou n’ont pas droit
à être entendus en public.
Précisément en ce qui concerne « l’État d’occupation
Juif », les faits parlent d’eux-mêmes et sont irréfutables. C’est la
raison pour laquelle le lobby israélien et ses partisans évitent de se
confronter aux critiques qui ne présentent que des faits ! Ne nous
laissons pas berner, il n’y a pas « d’équilibre juste » quand il
s’agit de crimes contre le droit international et contre les droits de
l’homme.  Et le génocide est un crime qui
doit être dénoncé et qui ne doit pas être dissimulé, pour la seule raison qu’il
concerne « l’Armée de défense juive » à Gaza,
Il ne faut pas non plus récompenser cet État avec de la coopération,
des échanges de jeunes et des cadeaux d’armements.
Et nous voilà revenus sur le sujet du « traitement
particulier » allemand en faveur de « l’État Juif » et du régime
d’occupation. Le bras long de Nétanyahou et celui du lobby pro-israélien ont
pris entre-temps les dimensions d’une pieuvre médiatique qui étend de plus en
plus ses tentacules avec une puissante capacité d’agir. Le philosémitisme va
jusqu’à réinterpréter toute critique d’Israël comme une haine des Juifs et maîtrise
de cette façon l’opinion publique, d’autant plus qu’il existe maintenant un
nouveau terrain d’action fertile pour le lobby pro-israélien : les
réfugiés musulmans. On nous alerte qu’ils sont infiltrés par l’antisémitisme.
Nous voyons maintenant la conséquence de cette propagande et quel dommage elle
a causé  car une grande partie de la
population a des préjugés contre l’Islam et les Musulmans. Le poison insidieux
des préjugés est efficace et il est renforcé par la politique et les médias.
Ce que l’on sert aux lecteurs allemands au sujet d’Israël,
de la Russie, de la Syrie et de la Turquie est presque devenu une mutilation criminelle
des informations. On y reconnaît une agressivité et une excitation guerrière
répandues par certains « trolls » de journalistes à la manière des
politiciens. Pendant qu’Erdogan est devenu, après Poutine, l’ennemi tout
désigné numéro deux des gratte-papiers allemands, les politiciens israéliens
peuvent toujours compter être traités avec bienveillance.
Constamment de l’autocensure, un tout petit peu de critique  des occupants juifs mais pas trop, sinon  on menace avec le reproche d’antisémitisme et
pire encore avec la mise à la porte. Est-ce étonnant que les médias allemands
perdent de plus en plus de lecteurs et d’abonnés ? Je regrette beaucoup qu’on
en soit arrivé là car je connais et estime le journal imprimé depuis mon
enfance. Mais que sont devenus les médias ? Qu’est-il devenu de mon
« cher » journal télévisé ? On ne peut plus rien croire, il faut
tout remettre en question. L’Allemagne et ses médias ont beaucoup changé sous
l’influence des souffleurs politiques et des lobbyistes. Ils sont puissants,
savourent pleinement leur pouvoir et y mettent aussi le prix.
Alors que les voix critiques – quand il s’agit de
« l’État Juif » – n’ont aucune chance d’être entendues dans les
médias importants, le lobby pro-israélien a bien fait son travail et les voix
qui soutiennent la couverture médiatique au sujet de la Russie ou de la Turquie
ont du mal à se faire entendre.
Aucun de nous n’a le droit ni le devoir d’obéir quand du
tort est fait en notre nom !



[1] Les Juifs aussi peuvent être antisémites
[2] 50 ans d’occupation israélienne