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Antisémitisme – reproche abusif par la culture dominante « judéo-chrétienne » !

par Evelyn
Hecht-Galinski, Sicht vom Hochblauen, 26 Avril 2017, traduction par
Christiane Reynaud.  Précisément au
jour anniversaire de la Shoah, quand un pays marque un temps d’arrêt, quand les
sirènes hurlent et qu’au mémorial national de Yad Vashem les politiciens
allemands et autrichiens commémorent emblématiquement l’assassinat de millions
de Juifs, une chose ne s’arrête pas : l’occupation juive illégale de la
Palestine. Elle continue inlassablement. Ne serait-ce pas justement la Shoah,
ce crime jusqu’à présent inimaginable, qui devrait nous exhorter à ne jamais
plus marginaliser un autre peuple, l’expulser et procéder à une épuration
ethnique ?  Loin de là, ces crimes
continuent à être commis ouvertement. Certes, sous une nouvelle forme mais dans
le même esprit. Un peuple ou une communauté religieuse est marginalisé.
Et il y a à
nouveau un ennemi tout désigné : l’Islam et le Musulman ! Poutine est
un peu passé à l’arrière-plan. Lorsque le nouveau spectre Erdogan est apparu
sur la scène internationale tout était joué : les médias allemands ont
pris Erdogan pour cible, sa réforme « dictatoriale » de la
Constitution, la prolongation de l’état d’urgence et, n’oublions pas, la
discussion sur la peine de mort ! Entre-temps, Trump n’est plus vraiment
l’ennemi numéro un depuis qu’il a décrété les bombardements de la Syrie: cela
l’a rendu « apte à gouverner » aux yeux occidentaux de l’OTAN.

Y a-t-il vraiment
une différence entre la peine de mort pratiquée depuis de décennies aux
États-Unis, en partie exécutée avec des « injections létales
allemandes », et celle pratiquée en Arabie Saoudite, en Iran, en Chine et
bientôt en Turquie ? Ne devrait-on pas toutes les juger comme des reliques
antidémocratiques des époques dictatoriales ? Alors que « l’État
juif » élude le problème en exécutant ses arrêts de mort directement sans
passer par la justice, les membres de l’OTAN et leurs alliés de
« l’alliance anti-terreur » appliquent la peine de mort sans susciter
de critiques.

Je ne peux pas
assez souligner pourquoi je démontre inlassablement que « l’État
Juif » cherche constamment à traiter toute critique d’Israël d’antisémite
ou de judéophobe, bien qu’aucun critique d’Israël n’impute aux Juifs les crimes
contraires au droit international et contre l’humanité de l’expulsion et de
l’occupation illégale! C’est déjà pour cette raison  que l’impertinente et totalement
antidémocratique exigence de reconnaître Israël en tant qu’ »État
Juif » est infâme, particulièrement vis-à-vis des Palestiniens.

Lundi 24 avril,
Aydan Özoguz, la politicienne fédérale social-démocrate chargée de
l’intégration, s’est comportée comme une porte-parole du Conseil Central des
Juifs. Tout comme déjà Josef Schuster, le Président du Conseil Central, elle
veut lutter « de façon plus ciblée contre l’antisémitisme des réfugiés
musulmans ». Est-ce que Mme Özoguz a réfléchi quels dégâts ce jugement
sommaire, et faux par-dessus le marché, peut causer ?

Cette tentative
d’intégration est complètement déplacée. Va-t-on peut-être bientôt conseiller
aux réfugiés musulmans de porter, avant d’arriver en Allemagne, de grands
panneaux « Nous aimons Israël » ou même d’avoir sur soi l’affiche
hypocrite du parti Alternative pour l’Allemagne avec laquelle ils se déclarent
« aux côtés de la communauté juive » ?

Pourquoi les
réfugiés musulmans qui viennent d’échapper à l’horreur de la guerre et de la
destruction doivent-ils être confrontés avec la Shoah contre les Juifs et
forcés à visiter des camps de concentration ? Peut-on exiger que les
réfugiés musulmans n’associent leur ressentiment contre « l’État
Juif » aux « Juifs » ? Ce sont bien des citoyens juifs qui
pratiquent depuis plus de 68 ans un nettoyage ethnique ciblé et que la raison
d’État sioniste n’a qu’un but : la judaïsation de toute la
Palestine ?

Ne serait-ce pas
enfin temps d’éclairer les écoliers allemands sur les crimes de la Nakba, la
catastrophe pour le peuple palestinien, et les crimes de l’épuration ethnique
de la Palestine par les conquérants sionistes ? Pourquoi a-t-on le droit
de renier la Nakba en toute impunité alors que le déni de la Shoah est à juste
titre condamné ? Mais, c’est bien connu, les sionistes ne craignent rien
de plus que la vérité ! Malheureusement ils sont soutenus par des aides
philosémites obéissants qui ont réussi à s’emparer du pouvoir des médias et de
la souveraineté d’interprétation du « régime linguistique ».

Derrière tout
cela se cache  une stratégie élaborée de
Hasbara, une campagne de propagande menée scientifiquement qui réussit toujours
à reléguer à l’arrière-plan l’occupation illégale de la Palestine, le génocide
de Gaza, la discussion sur une Palestine libre et les bombardements très
meurtriers de positions syriennes

Précisément ce même lundi, des articles ont été sciemment
lancés dans les principaux médias avec comme idée maîtresse « Les Juifs
craignent de plus en plus pour leur sécurité ». Ah que ça doit être dur de
vivre dans le pays des coupables,
avec tant d’expériences antisémites ! C’est drôle que la réalité est toute
autre : de plus en plus d’Israéliens juifs émigrent en direction de
l’Allemagne et de Berlin. Dans leurs comptes-rendus on trouve des descriptions
toutes différentes, ils apprécient pleinement leur vie à Berlin.

Cette déclaration
est un puissant tsunami qui  a pour but
de frapper tous les militants du BDS et le mouvement de Boycott avec le grief
éprouvé – mais totalement infondé – d’antisémitisme. Le régime de Nétanyahou a
remarqué depuis longtemps que la campagne BDS était très efficace dans la lutte
pacifique pour une Palestine libre et il tire dans tous les azimuts contre ce
mouvement.

Qui soutient donc
cette fausse propagande d’antisémitisme? Les sayanim et les lobbyistes
intéressés pro-israéliens philosémites qui tentent tout pour représenter
« l’État Juif » comme « Terre sainte » et tous les Juifs
comme des »Saints » à qui la Palestine appartenait depuis toujours et
qui donc avaient le droit d’en expulser la population autochtone avec la
bénédiction de Dieu. La Bible comme cadastre, ça c’est vraiment une fake-new.

Alors que des
centaines de milliers de manifestants sont descendus dans la rue pour la
liberté de la science à l’occasion d’une « Marche pour les
sciences », des universités allemandes, européennes et états-uniennes  ont exclu des scientifiques critiques au
sujet « d’Israël » et ceux-ci n’ont, par contre, eu droit à aucun
soutien de la part de ces manifestants !

Alors que le
rapport sur l’antisémitisme du « Comité indépendant d’experts de
l’antisémitisme » de la République fédérale et le rapport sur l’antisémitisme
de l’université de Tel Aviv ont créé des remous dans les médias, on n’a
pratiquement pas pris note par contre

de la lettre des
professeurs de l’université de Jérusalem, entre autres Moshe Zimmermann et
Avraham Burg, au sujet de l’annulation d’un congrès à l’académie protestante de
Tutzing et encore moins pris soin de publier cette lettre. C’est pourtant
lamentable que, 72 ans après la libération du fascisme, on interdise à nouveau
à des professeurs juifs de parler en public en Allemagne.

Déjà, on réclame
un « délégué pour les questions d’antisémitisme ». Qui donc est tout
trouvé pour cette fonction ? Entre Volker Beck et Henryk M. Broder, en
passant par Anetta Kahane, « l’informatrice de la Stasi Victoria«, il y
aurait assez de candidats pour ce poste inutile. Les « experts » de
cette commission pourraient alors fouiner à la recherche d’antisémites dans les
associations musulmanes, les communautés de culte musulman, parmi les imams et
les réfugiés. C’est vraiment une ambiance inquiétante qui se répand en
Allemagne et qui empoisonne le climat social. En cette
période de « culture dominante judéo-chrétienne » on voudrait
marginaliser l’Islam et déclarer les musulmans hors-la-loi.

Encore plus
terrible dans ce « système de valeurs » est qu’on fait la différence
entre « les bons arrêts de mort », les « bons états
d’urgence » les mauvais Turcs – ceux qui ont voté pour Erdogan : il
voudrait mieux qu’ils plient bagage et retournent en Turquie – et les bons
Turcs qui ont voté NON au référendum – ceux-là, ils pourraient rester et
s’intégrer ou s’assimiler. Cependant ils n’ont rien à faire dans l’Union
Européenne. Ce serait mieux, bien sûr, qu’ils se convertissaient au
christianisme, la religion « de la paix » ! L’Islam est toujours
représenté comme symbole de terreur, le christianisme comme symbole de charité
et le judaïsme incarne la paix et l’humanisme. La discussion prochaine sur la
double nationalité va être le hit aux prochaines élections parce que ça ne
concerne que les Turcs allemands, en rien les Israéliens, les Russes allemands
ou les ressortissants des pays de l’Union Européenne. Pendant que les Russes
opposés à Poutine sont les bons, ceux qui soutiennent Poutine sont
marginalisés.

C’est encore pire
pour les critiques d’Israël, car il y a à nouveau des bons et des mauvais Juifs
en Allemagne. Les critiques d’Israël, les antisionistes ou les défenseurs du
mouvement BDS sont maintenant mis en touche dans les médias ou diffamés comme
antisémites. Les crimes juifs contre le droit international doivent être
occultés à cause de la « relation particulière » avec  « l’État Juif » pour que les
journées commémoratives hypocrites et les festivités à venir à l’occasion
des  « 50 ans d’occupation juive
illégale de la Palestine » ne soient pas troublées par les soi-disant
« Antisémites ». Que Guterres, le Secrétaire Général des
Nations-Unies, incite à la lutte contre l’antisémitisme mais interdise un
rapport sur la politique israélienne illégale de colonisation de la Palestine,
cela discrédite les Nations-Unies et leur Secrétaire Général et révèle une fois
de plus l’hypocrisie de l’alliance des valeurs.

Quand à
l’occasion de sa visite en Israël le Ministre allemand des Affaires Étrangères
Gabriel souligne la « responsabilité historique » de l’Allemagne
envers « l’État Juif », c’est-à dire le devoir de s’engager contre
l’antisémitisme et pour la dignité humaine, pour la tolérance et pour l’entente
entre les peuples, mais que pour ça il veuille justifier les livraisons d’armes
à l’occupant sioniste, il y a quelque chose qui ne va pas. L’abîme insondable
de la Shoah, cette rupture de la civilisation, ne peut pas être réparé par de
nouveaux crimes. D’ailleurs, parmi les un peu plus de 200.000 survivants de la
Shoah dans « l’État Juif », plus d’un 
tiers vit en dessous du seuil de pauvreté. Notez bien: pendant que le
régime sioniste ignore les vivants, il préfère instrumentaliser les morts.

Le Ministre des
Affaires Étrangères Gabriel écrit dans le journal Berliner Zeitung
comment l’Europe et Israël s’engagent ensemble contre le nationalisme et, après
les élections en France, fait l’éloge du pluralisme européen au lieu de
l’uniformité nationale. Mais pas un mot sur le comportement électoral plus que
raciste dans « l’État Juif » où la grande majorité a voté pour le régime
d’occupation d’extrême droite. Si la position « pro-israélienne » est
la caractéristique de la social-démocratie allemande, cette position partiale
n’est plus justifiable aujourd’hui. Gabriel se trompe quand il fait les
louanges de la « démocratie israélienne » comme étant un caléidoscope
pluraliste. L’Europe et Israël ne luttent pas ensemble avec les mêmes critères
moraux et ne se tiennent pas non plus sur la même base de valeurs – ou bien
peut-on dire que l’occupation juive illégale de la Palestine représente des
valeurs communes?.

Gabriel ne veut
pas en faire en drame de ne pas avoir été reçu par le Premier Ministre
Nétanyahou. Pourtant cette tentative impertinente de chantage montre très
clairement où en sont les relations « particulières »: Des rencontres
avec des représentants les organisations non gouvernementales B’Tselem et
Breaking the Silence devraient être quelque chose de tout à fait normal dans
« l’unique » démocratie du Proche-Orient. Mais dans cet « État
Juif » qui a depuis longtemps pris ses distances avec les conventions
démocratiques, ce n’est pas possible. Nous connaissons depuis longtemps cette
méthode sioniste de diffamation: les critiques sont traités de dénigreurs, de
traîtres et d’antisémites. La vice-ministre des Affaires Étrangères Tzipi
Hotvely a tout de suite défendu la décision de Nétanyahou car cette rencontre
marquerait la « ligne rouge » qu’Israël tire dans sa lutte contre les
organisations et les personnes qui veulent diffamer Israël. Entre-temps on ne
connaît plus ces ingérences dans le programme de visite d’un invité étranger
que dans « l’unique » démocratie du Proche Orient ou dans les
dictatures. Inversement, ce serait impossible qu’un gouvernement fédéral
allemand se comporte de cette façon avec un invité officiel étranger! Gabriel
s’est bel et bien déjà montré « conciliant » en acceptant de
repousser la discussion avec les ONG après son entretien avec Nétanyahou.

Quand
l’ambassadeur d’Israël en Allemagne Hadas Handelsman considère l’antisémitisme
comme « la plus grande honte » et une menace pour le démocratie je
contredis: la plus grande honte est que, 
72 ans après la libération d’Auschwitz, la journée commémorative de la
Shoah soit indignement instrumentalisée pour détourner l’attention des crimes
juifs contre l’humanité et pour que les vrais antisémites et la droite
s’allient avec « l’État Juif » contre l’Islam!

Je suis de tout
cœur d’accord avec la philosophe Judith Butler qui ne conçoit une cohabitation
sur pied d’égalité entre les Israéliens et les Palestiniens qu’après le
démontage du sionisme politique. Elle considère non seulement la Cisjordanie
mais Israël tout entier comme pays occupé car elle considère la fondation de
l’État comme illégitime. Oui, nous devons nous défendre contre l’oppression
coloniale que le sioniste a infligée au peuple palestinien.

Dans
« l’État Juif » plus de 6000 Palestiniens, parmi eux des femmes et
plus de 300 enfants, sont actuellement incarcérés dans les prisons
israéliennes. Plus de 1600 prisonniers font une grève de la faim pour protester
contre les conditions de détention inhumaines et contre la détention
administrative.

Nous devons nous
opposer au lobby pro-israélien et à ses aides philosémites qui soutiennent
cette politique destructive et nous calomnient en nous traitant d’antisémites.
Cela devrait devenir l’idéologie des devoirs éthiques juifs antisionistes. Et
il faut enfin en finir avec ce reproche abusif d’antisémitisme par « la
culture dominante judéo-chrétienne ».