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En France, il reste 20 millions de tonnes d’amiante disséminées dans les bâtiments

14 Mars 2017


Pour beaucoup, l’amiante, c’est fini. Ce matériau hautement cancérogène, interdit en 1997, est pourtant encore présent dans des dizaines de milliers de bâtiments, disséminé des sols aux plafonds, dans les plinthes, les vide-ordures ou les toitures. Un vaste plan national d’éradication de l’amiante se fait attendre. Du repérage de l’amiante aux contrôles des conditions de travail sur les chantiers de désamiantage, la protection des travailleurs est très inégale. Certains spécialistes du dossier évoquent même une prochaine catastrophe sanitaire. De nouvelles victimes viendront-elles s’ajouter aux 3000 à 4000 personnes terrassées chaque année, en France, par l’amiante ?

20 millions de tonnes. C’est la quantité d’amiante disséminée en France, essentiellement dans les bâtiments. Usines et entrepôts, bureaux, gymnases, mais aussi HLM, écoles ou encore hôpitaux : on trouve de l’amiante partout. Dotée de propriétés anti-feu particulièrement efficaces, de qualités isolantes thermique et phonique, l’amiante a été utilisée partout. « Il y a environ 3000 produits qui en contiennent », détaille Alain Bobbio, de l’Association nationale de défense des victimes de l’amiante (Andeva). Utilisée en vrac, en feuilles ou en plaques, tressée ou tissée, l’amiante a été incorporée jusqu’en 1997 – année de son interdiction en France – dans des produits en ciment qui servaient à monter des murs ; dans les résines avec lesquelles ont faisait des dalles de sols ; dans les bitumes qui étanchéifient les toitures, dans les peintures, dans les caoutchoucs, dans les colles… « Tous les jours, je trouve des matériaux que je pense ne pas être amiantés et qui en fait le sont », témoigne une « diagnostiqueuse amiante » dans le documentaire d’Emmanuel Roy La part du feu [1].

Des diagnostics peu fiables : le maillon faible

Pour savoir s’il y a de l’amiante, en quelles quantités, et sous quelles formes, les diagnostiqueurs prélèvent des matériaux à divers endroits des bâtiments destinés à être désamiantés. Ils les envoient ensuite dans des laboratoires habilités à les analyser [2]. Problème : les diagnostiqueurs « ne sont pas toujours à la hauteur, regrette un expert en santé publique. Il leur arrive trop souvent de procéder à des examens approximatifs des bâtiments ou bien de ne pas faire assez de prélèvements. Les compétences des laboratoires sont également très inégales. C’est un vrai souci. » Même son de cloche à l’Andeva, chez les médecins du travail ou encore dans plusieurs bureaux d’étude spécialisés en amiante.