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NnoMan Cadoret : « La violence policière ne peut entraîner que de la violence »

17 Février 2017


Les manifestations en banlieue se poursuivent, après le viol présumé de Théo, un jeune d’Aulnay-sous-bois, par la matraque d’un policier. Le photographe NnoMan Cadoret, qui suit depuis des années le comportement des policiers, explique dans cette entretien que les « jeunes et les moins jeunes n’en peuvent plus » des violences policières et du racisme.
NnoMan Cadoret est photographe indépendant au sein du collectif Oeil. Il a commencé à documenter les violences policières après avoir assisté au tabassage d’un jeune par des CRS lors d’une manifestation en 2005. Il a couvert les manifestations de soutien à Théo des derniers jours, ainsi que la mobilisation contre la loi travail et le démantèlement de la jungle de Calais.


Reporterre – L’interpellation extrêmement brutale et le viol présumé de Théo, le 2 février à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), ont ravivé la question des violences policières et notamment du contrôle au faciès. Quelle expérience en avez-vous ?
NnoMan Cadoret – J’ai grandi à L’Haÿ-les-Roses, une commune tranquille du Val-de-Marne. A partir du moment où j’ai eu l’âge de sortir seul à la Paris, je me suis fait systématiquement contrôler.
Mon contrôle le plus marquant, c’était un soir à Bastille, avec mon frère. Dans les escaliers du métro, trois policiers, deux hommes et une femme, nous ont regardé vraiment méchamment. Nous avons continué notre route et là, je les ai entendus se mettre à courir – la matraque, les clefs et les menottes qui tapaient sur leurs poches. L’un d’eux a attrapé mon frère par le col et lui a mis un coup de poing dans le visage.
Ils nous ont entraîné dans un local de la RATP. Un des policiers m’a collé sa matraque sur le torse. Il m’a dit : « Vous pouvez gueuler maintenant, il n’y a plus personne pour vous entendre. » Il a ouvert mon sac et jeté tous mes tickets de métro par terre. Quand je lui ai demandé pourquoi il faisait ça, il m’a répondu, « Baisse les yeux, ou je t’en mets une ». J’ai continué à le fixer et il m’a mis une tarte dans la gueule. J’étais en classe de troisième.