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L’invraisemblable retard des aides aux agriculteurs bio

25 Février 2017


Depuis plus de deux ans, les fermiers engagés dans l’agriculture biologique attendent les aides qui leur sont dues. Nombreux sont ceux au bord de la faillite. Alors que le Salon de l’agriculture s’ouvre ce samedi 25 février, les agriculteurs s’interrogent sur la volonté du gouvernement de les soutenir et de promouvoir leur mode de production.
Lorsqu’il s’est installé en 2014 dans le Jura, Mickaël Percier a conçu un joli plan d’investissement avec son banquier. Pour sortir un salaire correct de sa cinquantaine d’hectares de céréales, il a décidé en 2015 de se convertir au bio. Mais deux ans plus tard, l’agriculteur est au bord du dépôt de bilan. Il n’a jamais reçu les aides publiques promises : 16.000 euros pour chacune de ces deux années, qui devaient le soutenir le temps qu’il puisse enfin vendre son blé au prix du bio. Pendant ce temps, les charges ont continué de peser : remboursement des prêts, entretien du matériel, gazole pour le tracteur, loyer pour la location des terres cultivées, etc.
Pour raconter sa situation, il a même posté une vidéo en ligne.


« J’étais censé me sortir un salaire d’environ 700, 800 euros par mois et même mieux ensuite. Mais je ne m’en suis pas versé un seul. Pour l’instant, je suis obligé de conserver un autre emploi, à temps partiel, raconte-t-il. En plus, en 2016 la récolte a été très mauvaise. Donc, soit cette année, tout se redresse et je continue. Soit je revends tout et j’arrête. »
Dans l’Oise, Guy Vanlerberghe vient lui de transmettre son exploitation à ses deux fils et, s’ils s’en sortent encore, il l’admet, « c’est parce que je joue au banquier pour mes enfants ». Les 200 hectares de pommiers et céréales ont été eux aussi convertis en bio en 2015, et ce sont plus de 100.000 euros d’aides par an qui manquent à l’appel. « On a même payé des impôts dessus : il fallait bien les déclarer dans les comptes ! » poursuit-il. Des impôts qui, pour être payés, nécessitent de la trésorerie… Que l’exploitation n’aurait pas sans cette situation familiale favorable. « J’ai des collègues qui pensent à se convertir en bio, mais je leur dis “Attention, attendez que les aides soient enfin versées”, sinon eux aussi vont se mettre dans une galère financière », dit le jeune retraité.