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L’écopsychologie veut renouer le lien entre les humains et la nature

7 Février 2017


Née aux États-Unis, l’écopsychologie porte un regard inédit sur les problèmes environnementaux. Entre recherche et pratique, ce mouvement, qui a des affinités avec la simplicité volontaire, la permaculture ou les villes en transition, propose des stages pour développer notre perception sensible de la nature. Et, ce faisant, devenir acteurs d’un changement politique.

Lausanne, correspondance
« Malgré son intelligence, l’être humain persiste à détruire la biosphère, dont il est dépendant et dont il a besoin pour vivre », constatent les écopsychologues depuis les années 1980. Michel Maxime Egger, sociologue et auteur d’une introduction à l’écopsychologie, Soigner l’esprit, guérir la terre, précise que l’écopsychologie veut aller « à la racine des problèmes écologiques », or, cette racine serait d’ordre culturel : l’état de la planète résulterait de la perte du lien de l’homme avec la nature.
L’écopsychologie est largement inspirée par les traditions premières et on y croise des chamanes, des militants, des philosophes, des scientifiques, des thérapeutes… Ce vaste champ de recherche et de pratique transdisciplinaires appelle à une fécondation mutuelle de l’écologie et de la psychologie. « L’écopsychologie est moins une discipline qu’un projet mouvant. Son pluralisme est une vraie richesse », souligne Michel Maxime Egger, qui précise que ce n’est pas une psychothérapie, même si son volet pratique est parfois appelé « écothérapie ». « Ce terme peut porter à confusion et aujourd’hui je préfère parler d’écopratiques », précise le sociologue qui désigne les exercices proposés lors des stages : marcher pieds nus, entrer en connexion avec un arbre, accueillir ses émotions négatives, exprimer ses ressentis par le corps, etc. Des cercles de parole sont aussi au programme. « Cette dynamique de groupe est essentielle, car il s’agit aussi de se relier aux autres. L’écopsychologie ne vise pas la résolution de nos problèmes psychiques, mais bien un changement de société. Pour moi, c’est un des éléments d’un mouvement de civilisation », analyse Dominique Bourg, spécialiste de la pensée écologique et professeur à l’université de Lausanne, qui a codirigé le Dictionnaire de la pensée écologique (PUF).
« Contribuer au réenchantement de notre relation au monde » 

Lors d’un stage en 2016, il a pu expérimenter le « travail qui relie », un ensemble d’exercices pour se relier à la Terre et au vivant que Joanna Macy, pionnière de l’écopsychologie, formalise depuis les années 1980. « Cette approche sensible qui met l’accent sur l’empathie directe avec le milieu a totalement changé ma relation aux arbres, témoigne Dominique Bourg. Je suis un intello et pour moi cette démarche est totalement connectée avec une évolution dans la pensée. Je ne peux plus réfléchir comme je le faisais depuis ce stage dans la Drôme » où la notion d’effondrement tenait une grande place puisqu’il était coanimé par Pablo Servigne, l’auteur de Comment tout peut s’effondrer.