General

Le gouvernement polonais s’attaque à un trésor de la nature, la forêt de Bialowieza

21 Février 2017


La forêt de Bialowieza, en Pologne, abrite une extraordinaire biodiversité et la plus importante population de bisons d’Europe. Elle est aujourd’hui menacée par un vaste programme de coupe d’arbres décidé par le nouveau gouvernement ultraconservateur. Un plan qui traduit une vision très interventionniste et datée de la gestion forestière.

Sébastien Carbonnelle est journaliste et guide nature. Son ONG, Forêt & Naturalité, a publié en janvier 2017 une enquête intitulée « Bialowieza, le chant du cygne ? ».

Reporterre — Qu’est-ce que la forêt de Bialowieza, en Pologne, a de si particulier ?
Sébastien Carbonnelle — On présente souvent ce vaste massif — 150.000 hectares, dont 63.000 côté polonais – comme la dernière forêt primaire d’Europe, même si elle a déjà subi l’influence d’activités humaines. Ce sanctuaire de biodiversité, quasiment le plus riche d’Europe, accueille bisons, loups, lynx, loutres, etc. Il est classé zone Natura 2000 et inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. Bialowieza attire de nombreux naturalistes et plusieurs centres de recherche prestigieux y sont implantés, comme l’Institut de recherche de mammalogie de l’Académie des sciences polonaises.
Moi-même, journaliste et guide nature intéressé par l’écologie des forêts, je m’y rends depuis huit ans environ parce qu’on voit dans ce massif des choses qu’on n’observe nulle part ailleurs. On y rencontre une extraordinaire diversité de plantes, d’insectes, de champignons… Chaque modification topographique se traduit par un changement de type de forêt. Cet endroit est l’un des seuls où l’on peut vraiment comprendre comment fonctionne une forêt naturelle.

En quoi consiste le plan gouvernemental qui la menace ?
Un consensus avait été trouvé récemment entre les scientifiques et l’Office des forêts, qui gère le massif, pour qu’on coupe peu pour éviter d’altérer la forêt. Mais en 2016, le nouveau gouvernement du parti ultraconservateur Droit et Justice a décidé d’un autre plan, qui consiste à couper trois fois plus d’arbres que prévu, y compris dans les zones jusque-là protégées où la forêt est âgée de plus de cent ans.