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Au Bhoutan, le bonheur brut est serein malgré les nuages

11 Février 2017


Royaume bouddhiste de l’Himalaya, le Bhoutan cultive depuis quarante ans le « bonheur national brut », pensé comme alternative à la croissance économique. Mais ce projet de civilisation est confronté à plusieurs défis.
Thimphou (Bhoutan), reportage
La Commission du bonheur national brut est installée dans des bâtiments en bois plantés à deux pas de Tashichoedzong, le majestueux dzong de Thimphou — la capitale du Bhoutan — où siègent le gouvernement, le roi, le Jé Kempo — le chef religieux — et une partie du clergé d’État de ce pays asiatique perché sur l’Himalaya.
Recouvert de toits rouge et or, ce monastère-forteresse est un lieu incontournable pour les quelque 120.000 à 140.000 touristes étrangers qui viennent, chaque année, découvrir le « pays du Dragon ».
Mais, pour qui s’intéresse au bonheur national brut (BNB), cette philosophie qui interpelle de plus en plus d’Occidentaux à la recherche de voies pour « se libérer de la mystique croissance », c’est ici, dans un de ces petits immeubles rectangulaires sagement alignés à l’ombre du dzong, qu’il faut se rendre pour tenter de percer les secrets du laboratoire bhoutanais.
 « Le bonheur doit précéder la croissance économique »

« Nous avons un dessein ambitieux : le bonheur et le bien-être de tous les êtres vivants. Le bonheur doit précéder la croissance économique. C’est avec cette boussole que nous conduisons les affaires économiques du pays, mais aussi nos politiques sociales, culturelles et environnementales », souligne d’une voix rauque Thinley Namgyel. Sanglé dans son gho écossais — le vêtement traditionnel bhoutanais, entre le kilt et le kimono — flanqué d’une longue écharpe blanche cérémonielle, le jeune directeur de la Commission du bonheur national brut cherche ses mots, tout en mâchouillant sa chique de noix d’arec. « Nous voulons créer les conditions qui permettent aux gens de vivre une vie heureuse et conduire le développement de façon à ce que le progrès se traduise par un accroissement du bonheur des individus, et non uniquement de la prospérité économique du pays. »