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Étudiant éborgné par un tir de flash-ball à Rennes : la version policière mise en doute par des photos

27 Janvier 2017


Étudiant à Rennes, Jean-François Martin a perdu un œil lors de la manifestation du 28 avril 2016 contre la loi travail. Neuf mois après les faits, les deux policiers soupçonnés d’être responsables du tir ont été entendus pour la première fois ce 24 janvier. Pourquoi l’audition a-t-elle tant tardé ? Les enquêteurs de l’Inspection générale de la police nationale disposent pourtant de photos, dont une que Basta ! s’est procurée, où l’on voit l’un des policiers se préparer à tirer en direction du groupe où se trouvait le jeune homme blessé. Alors que l’affaire pourrait être classée, les tensions à Rennes entre forces de l’ordre et étudiants sont toujours vives.

Il aura fallu attendre neuf mois. Neuf mois pour que la justice commence à suivre son cours après qu’un étudiant manifestant contre la loi Travail a été éborgné par un projectile, à Rennes, le 28 avril 2016. Les deux policiers soupçonnés d’être responsables du tir de flash-ball ont été entendus pour la première fois ce 24 janvier. Les enquêteurs de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) disposent pourtant depuis les faits de photos : elles montrent l’un des policiers pointant son arme en direction du groupe où se trouvait le jeune homme blessé (voir ci-dessous). Après six heures d’audition, aucun des deux policiers n’a été mis en examen.

Une enquête préliminaire avait pourtant été ouverte dès le lendemain des faits, suivie d’une information judiciaire quelques semaines plus tard. Pourquoi alors l’audition de ces policiers, rapidement identifiés, a-t-elle tant tardé ? La procureur de Rennes n’a pas souhaité livrer d’explications. « Les enquêteurs ont voulu laisser le débat se dépassionner », avance de son côté l’avocat des policiers, Frédéric Birrien. « Il fallait peut-être aussi attendre que le mouvement de protestation des policiers se termine. » Des policiers avaient manifesté par centaines à l’automne 2016.

Le principal intéressé, Jean-François Martin, qui a définitivement perdu l’usage de son œil gauche, ne s’est exprimé que deux fois dans les médias, par prudence [1]. Son avocate refuse également de s’exprimer.