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East Side Gallery : pour un monument vivant de la joie

27 Janvier 2017

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En dépit de la protection des monuments, l‘East Side Gallery est toujours plus percée de trous et plus abimée. La raison principale est la suivante : les intérêts privés priment sur le patrimoine public et sur le droit. Pour la conservation du morceau le plus ancien du Mur, peint en 1990 par 118 artistes de 21 pays, des gens s’investissent, en Allemagne comme à l’étranger.

Christine Mclean, cofondatrice de l‘East Side Gallery, avec Jordi Pérez et Thomas Rojahn, ont plus que son sauvetage en tête. L‘East Side Gallery doit devenir un monument de la joie. Tous les trois m’expliquent leur projet et leurs principales motivations.

Jordi Pérez : Notre initiative, « Sauvons l’East Side Gallery ! », est contre l’urbanisation et ainsi nous voulons préserver le site. Durant quelques mois, nous avons placé là-bas une « caravane d’information ». Nous avons beaucoup parlé de ce qui nous attire au Mur et de ce qu’il signifie pour nous. Pourtant, la conversation était souvent axée sur « Le ciel divisé » (Geteilte Himmel), le roman de Christa Wolf, dont le titre pour moi était plutôt synonyme de platitude. Jusqu’à ce que je vienne sur le lieu qui m’a donné l’impression que le vieux mur de Berlin était toujours intact. À cet endroit particulier, on pouvait voir soit le début soit la fin de la galerie. Ensuite, j’ai regardé vers le haut et puis j’ai eu un déclic. Soudainement je pouvais le voir, ce ciel divisé. Je voyais le bleu et ce mur imposant. Voilà pourquoi la vue dégagée nous est chère. Précisément là où j’ai vécu cette expérience, se trouve maintenant un immeuble. Il n’est tout simplement plus possible de vivre cette expérience.

Christine Mclean : Quand en 2013 une partie du Mur s’est écroulée, l’écho international a été très grand. Avant que la presse allemande ne réagisse, Voice of America était sur les lieux. Dans les mois qui suivirent, quand on a ouvert le Mur, des équipes de télévision coréenne, chinoise, finlandaise et bien évidemment américaine et britannique sont venues. En tant qu’étrangère, je ne comprends pas comment on peut simplement détacher un morceau provenant d’un mur protégé au titre de monument historique. Le Sénat berlinois ne comprend simplement pas la signification de ce monument. À l’extérieur de l’Allemagne il semble que c’est plutôt l’inverse. En outre, on a enfreint la législation actuelle ici. Le site ne doit pas être construit et le Sénat fait comme s’il donnait un pouvoir d’appréciation.