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1000 veaux : Feu vert du gouvernement pour doubler la capacité industrielle

14 Décembre 2016

L’industrie de la viande a encore de beaux jours devant elle. Alors que le bon sens environnemental devrait plaider en faveur d’une agriculture plus locale, raisonnée et respectueuse des animaux, Ségolène Royal et Manuel Valls viennent de valider par décret les exploitations animales industrielles, soumettant leur légalité à une simple déclaration en préfecture et ouvrant la voir au doublement de capacité de la Ferme des milles veaux en Creuse.

Le 5 décembre dernier, le gouvernement modifiait par décret les seuils à partir desquels la taille d’une exploitation d’animaux nécessite une autorisation et non une simple déclaration. Cette réforme avait été annoncée en juin dernier, ce contre quoi des associations avaient déjà mis en garde. Faisant passer le seuil de 400 à 800 pour les veaux, cette décision permet à la ferme-usine dîtes des 1000 veaux de doubler le nombres d’animaux accueillis actuellement.

Un décret qui légitime l’élevage intensif

Jusqu’à présent, au delà de 400 veaux, une autorisation était nécessaire pour pouvoir exploiter un élevage de cette taille. Pour cause, le choix de l’industrialisation implique des responsabilités plus importantes, notamment en matières sanitaires. En deçà, la loi n’obligeait qu’à une simple déclaration en préfecture. Ainsi, le site d’engraissement de Saint-Martial-le-Vieux en Creuse avait été obligé de faire la demande d’une telle autorisation, 800 veaux devant être placé dans la ferme-usine. Mais certains délais n’ayant pas été respecté, des associations de défense de l’environnement, avait obtenu la suspension de l’autorisation d’exploitation. Néanmoins, 400 veaux pouvaient être engraissés sur place, ce nombre respectant la loi en vigueur.

Le 5 décembre paraissait au Journal officiel un décret signé par Ségolène Royal, ministre de l’environnement et Manuel Valls, alors encore en fonction, qui revoit ce chiffre à la hausse. Désormais, une simple déclaration suffit pour les exploitations de 800 veaux et moins. France 3 résume : « par décret, la ministre de l’environnement Ségolène Royal et l’ex premier ministre Manuel Valls viennent […] de doubler cette capacité d’accueil soumise à aucune autorisation ni étude d’impact sur l’environnement ». « Les fermes intensives sont ainsi officiellement légitimées, il n’y aura plus aucune étude d’impact sur l’environnement et en plus le décret prévoit un allègement des contrôles », explique Aurore Lenoir, la porte parole de LPEA, l’une des associations opposée au projet.


Les « fermes-usines », un non-sens écologique et éthique

« Les centres d’engraissement », rappelle Reporterre, « accueillent les veaux lorsqu’ils ont entre 8 et 9 mois. Jusque là, ils sont normalement nourris sous la mère. Ils restent 9 mois en centre afin de grossir rapidement. À leur sortie, ils ont dix-huit mois et on les appelle jeunes bovins. Ils sont abattus et souvent transformés pour les raviolis et autres produits à base de bœuf de moyenne qualité et uniquement destinés aux pays du pourtour méditerranéen. En France, nous ne consommons pas d’animaux sortant de centre d’engraissement. »

La ferme des mille veaux est une ferme-usine dans laquelle sont adoptées ces pratiques intensives d’élevage pour engraisser rapidement des veaux. Du point de vue animal, ce type d’infrastructure fait partie du pire procédé qu’un esprit humain puisse imaginer. En effet, les bêtes vivent enfermées tout le long de leur vie, sans jamais être admises à l’air libre ni à la lumière du jour. La rentabilité étant au centre du programme, les animaux vivent dans un espace restreint, de manière à pouvoir en élever le plus possible sur le site. Ces êtres vivants sont traités de manière industrielle, tels des objets dont la seule importance est la valeur économique qu’il est possible d’en tirer. Les considérations éthiques sont ainsi nécessairement absentes. Ce type de projet, rappellent les associations animalières, va ainsi à l’encontre de toutes les préoccupations en termes de bien être animal et relègue au second plan les impératifs écologiques et sanitaires au profit d’une vision froidement économique et utilitariste du vivant.