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Une répression sauvage : lettre de la prison de Gamasa en Égypte

par Anonyme, traduit par Tafsut Aït Baamrane, Tlaxcala, 29 Novembre 2016. Les détenus politiques de la
prison de Burj Al Arab à Alexandrie ont engagé une lutte contre leurs
conditions de détention inqualifiables au mois d’octobre, entamant notamment
une grève de la faim. À la mi-novembre, la répression contre ce mouvement a pris
une tournure tragique. 248 détenus ont été littéralement déportés vers deux
autres prisons, celle de Gamasa à Damiette, sur la côte méditerranéenne, et
celle de Minya, en Haute-Égypte. Un prisonnier a pu faire parvenir cette lettre
à ses proches, décrivant l’opération de “transfert”.-Tlaxcala




Quand tu te sens
assiégé dans ton propre pays, c’est quelque chose de normal, mais quand tu es
assiégé dans une cellule de 3×3 et que tu as peur de leur ouvrir la porte parce
que tu sais qu’ils vont te torturer ou te tuer, c’est la chose la plus horrible
que tu puisses éprouver dans ton pays. C’est ce qui s’est passé pour nous à la
prison de Burj Al Arab, le lundi 14 novembre et les trois jours suivants. Les
forces de l’ordre étaient devant la porte, alors nous avons l’avons bloquée
avec nos propres corps, mais il ont apporté une manivelle et une barre de fer
pour l’ouvrir. Nous avons résisté, alors ils ont utilisé des pistolets et des
grenades assourdissantes (plus de huit), en plus de grenades au poivre, ce qui
nous a causé des brûlures sur le corps et aux yeux.


Après avoir forcé la
porte, les soldats cagoulés de notre “armée bien-aimée” nous ont
tabassés sur le dos avec leurs matraques, ne faisant aucune distinction entre
jeunes et vieux. Ensuite, ils nous ont traînés par terre, nos visages à même le
sol, tout en continuant à   nous frapper. Puis est venue la
“cérémonie des adieux”, pleine de coups et de terreur. Ils nous ont
sortis de nos cellules, nous ont couchés sur le ventre, les mains liées
derrière le dos, et ont continué à nous frapper. Le soleil brûlait nos corps
déjà enflammés par le poivre.

Tout cela était
supervisé par Hassan Souhagi, le chef des services pénitentiaires. Cette
“comédie” a duré de 7h du matin à 4h de l’après-midi. Ils viennent en
nombre et nous emmènent sans nous laisser le temps de prendre nos vêtements,
nos affaires personnelles et nos médicaments. Le convoi est constitué de plus
de 10 fourgons, transportant 200 personnes. Une partie est acheminée vers
Al-Minya, l’autre vers Gamasa. Les forces dont nous avons chanté les louanges nous
ont réservé une “cérémonie d’accueil” avec des gifles et des
bastonnades. En descendant des véhicules, nous avons donné la priorité aux plus
vieux d’entre nous pour qu’ils ne soient pas humiliés, mais ils ont été
bastonnés et traités sans pitié.

Après nous avoir
frappés, dénudés et rasé le crâne, ils nous ont fait entrer dans nos cellules.
Ils avaient aussi des instructions pour nous interdire de prier, mais les
jeunes ont résisté et se sont battus avec eux. Alors, ils ont été enfermés dans
le quartier disciplinaire.

Nous végétons encore
dans nos cellules, souffrant toujours des séquelles  de violences, de
brûlures de poivre et de gaz. Nous disons tous : “gloire aux mains qui ont
agressé nos concitoyens”. Il faut noter que nous avions voyagé pieds-nus et
sans affaires personnelles.


Les familles des détenus
essaient de suivre le calvaire des leurs