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Enormes incendies en Israël, attisés par le réchauffement climatique

26 Novembre 2016


Depuis cinq jours, Israël fait face à une vague d’incendies de végétation dont l’origine n’est pas encore certifiée, mais est aggravée par la période de sécheresse intense que connait le pays.
Des villes entières en proie aux flammes, des dizaines de milliers de personnes évacuées, un air chargé de cendres et de fumée : Israël connait une série de violents incendies depuis cinq jours.
Les premiers feux se sont déclarés mardi 22 novembre au nord du pays, dans la région boisée d’Haïfa, la troisième ville d’Israël. Ce vendredi, les 60.000 habitants de la ville côtière qui avaient quitté leurs logements ont été autorisés à rentrer chez eux. Mais d’autres foyers sont apparus en Galilée et aux abords de Jérusalem comme dans le village de Beit Meir, situé à une vingtaine de kilomètre de la ville trois fois sainte. Malgré la persistance de certains foyers, la situation sur les collines entourant Jérusalem est « sous contrôle » selon la police israélienne.
Entre temps, la vague d’incendies a également atteint la Cisjordanie, touchant ainsi des villages palestiniens et la colonie israélienne d’Halamish, dont les habitants ont été évacués en urgence vendredi soir. Si aucun bilan définitif n’a été établi, on estime que 1.000 hectares ont déjà été ravagés par les flammes. Une centaine de personnes ont été hospitalisées dans tout le pays, essentiellement pour des problèmes respiratoires légers. Aucune victime n’est à déplorer.

Des polémiques tout feu tout flamme

Les causes exactes de cet immense brasier sont encore inconnues. Certains officiels israéliens dénoncent des incendies volontaires aux motivations politiques : “Il est clair que de nombreux incendies ont été allumés volontairement et nous avons affaire à un terrorisme de l’incendie volontaire”, a déclaré Gilad Erdan, ministre de la Sécurité publique. Le chef du gouvernement israélien, Benyamin Netanyahou, a quant à lui martelé que “tout incendie allumé intentionnellement ou à la suite d’incitations à la haine est un acte de terrorisme à tous les points de vue, il sera traité de la sorte et puni avec toute la sévérité requise.”
La droite israélienne s’est emparée cette catastrophe pour accuser les Arabes Israéliens, qui représentent près de 18 % de la population, d’être les auteurs de cette vague d’incendie. Une dizaine de personnes auraient été arrêtées en Israël et en Cisjordanie tandis que les médias israéliens invoquent une « Intifada des flammes », en référence aux soulèvements populaires palestiniens passés.

La sécheresse : cause aggravante de la propagation

Image satellitaire de la région prise cette semaine par la Nasa.
Mais Gidon Bromberg, directeur d’EcoPeace Middle East, une ONG qui regroupe des environnementalistes israéliens, palestiniens et jordaniens, et rattachée au réseau international des Amis de la Terre, ne souhaite pas attiser ces polémiques. « Il est encore trop tôt pour déterminer les causes de cette tragédie. Mais ce qui est sûr, c’est que le changement climatique contribue à cette vague d’incendie. Dans les conditions actuelles, n’importe qui pourrait mettre le feu à tout le pays avec une seule allumette ! » , s’écrie-t-il.
C’est que la « Terre Sainte » est aussi victime du réchauffement climatique et connait actuellement une période de sécheresse intense : « Depuis le début du mois de novembre nous n’avons connu qu’un seul jour de pluie à Tel Aviv, ce qui est tout à fait inhabituel », remarque Gidon Bromberg. A Jérusalem, pourtant située en altitude, il n’est que tombé 6 mm de pluie depuis le début du mois d’août, alors qu’en temps normal la moyenne des précipitations atteint sur cette période les 200 mm. Le taux d’humidité très faible, les températures élevées pour la moyenne saisonnière, et le vent d’est très sec expliquent la propagation rapide des foyers d’incendies contre lesquels les pompiers mènent une lutte acharnée.

La paix du feu ?

Un Canadair combattant un incendie à Haifa, le 24 novembre.
Le gouvernement de Benyamin Netanyahou est sous le feu des critiques pour son manque de préparation face aux incendies de grande ampleur. Malgré l’incendie terrible et sans précédent de 2010, qui avait ravagé 5.000 hectares et causé la mort de 44 personnes, l’Etat Hébreu est sous-équipé et a dû faire appel à l’aide internationale.
Depuis jeudi, des bombardiers d’eau turcs, grecs, croates et russes sillonnent le ciel du pays pour venir à bout des incendies. Israël a également reçu des promesses de la part de la France, de l’Italie, de Chypre, du Canada, d’Espagne ou encore d’Azerbaïdjan, d’envoyer des appareils lui prêter main forte. Un fait plutôt inattendu : l’Etat hébreu a accepté l’aide de l’Autorité Palestinienne, qui a envoyé 41 pompiers et huit camions combattre les flammes à Haïfa et à Beit Meir. L’image des hommes du feu israéliens et palestiniens luttant côte à côte fera date alors que les deux parties du conflit ont rompu leur dialogue direct depuis des années. L’Egypte et la Jordanie auraient elles aussi proposé leur aide, sans que cette information soit confirmée par les deux seuls pays arabes à avoir signé des accords de paix avec l’Etat hébreu.


« Israël a des avions de combat pour nous bombarder mais pas assez de canadairs pour éteindre les incendies, c’est ridicule », persifle Sabreen Barghouty étudiante-chercheuse en environnement à l’Université palestinienne Al Quds, située à quelques kilomètres de Jérusalem mais l’autre côté du mur de séparation. La Palestinienne est inquiète : des incendies se sont déclarés du côté palestinien, au-delà de la Ligne Verte, censée marquer la frontière avec la Cisjordanie occupée. « Ils risquent de se multiplier si le vent continue à souffler et qu’il ne pleut pas. Ce qui est sûr c’est que ces feux vont changer la nature de la région », dit Mme Barghouty.
Les prochaines précipitations ne sont prévues qu’en milieu de semaine prochaine.