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Déclaration Balfour : 99 ans de colonialisme, 99 ans de résistance !

À l’occasion du 99e anniversaire de l’infâme déclaration coloniale Balfour de l’empire britannique proclamant ouvertement le droit à un «foyer national juif» en Palestine colonisée, le Réseau Samidoun de Solidarité avec les Prisonniers Palestiniens s’associe aux campagnes palestiniennes de base et au mouvement de libération palestinien à l’intérieur et en dehors de la Palestine pour exiger justice et la mise en cause de l’État britannique et de ses alliés internationaux à l’approche d’un siècle de résistance, de lutte et de révolution palestinienne.

« Cher Lord Rothschild,

J’ai le plaisir de vous adresser, au nom du gouvernement de Sa
Majesté, la déclaration ci-dessous de sympathie à l’adresse des
aspirations juives et sionistes, déclaration soumise au Parlement et
approuvée par lui.


Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement
l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif, et
emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet
objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse
porter atteinte ni aux droits civils et religieux des collectivités non
juives existant en Palestine, ni aux droits et au statut politique dont
les Juifs jouissent dans tout autre pays.


Je vous serais reconnaissant de bien vouloir porter cette déclaration à la connaissance de la Fédération sioniste.

Arthur James Balfour »

La Déclaration Balfour, c’estàdire la lettre du ministre britannique des Affaires étrangères et ancien Premier ministre Lord Alfred Balfour adressée à lord Walter Rothschild, un leader sioniste en Grande-Bretagne, en 1917, s’est engagée à soutenir un «foyer national pour le peuple juif» en Palestine, qui était à cette époque une partie de l’Empire ottoman. La Déclaration Balfour faisait partie intégrante des plans impériaux et coloniaux de la région. Elle est venue presque simultanément avec les accords de Sykes-Picot qui instituaient la division coloniale du monde arabe au profit de la Grande-Bretagne et de la France. Le soutien au projet sioniste s’inscrit dans cette catégorie. Theodor Herzl lui-même a fait appel à Cecil Rhodes pour soutenir le projet sioniste en Palestine comme «une action coloniale», alors que Chaim Weizmann s’est engagé à «former une garde très efficace pour le canal de Suez.» Et loin de défendre les droits des juifs confrontés à l’oppression et à la haine en Europe, Balfour en tant que Premier ministre en 1905 a adopté la loi sur les étrangers, spécifiquement destinée à exclure les Juifs d’Europe de l’Est de la Grande-Bretagne.
(…)
Aujourd’hui, l’État israélien reste un projet colonial en Palestine et dans la région et un partenaire clé, défenseur et partenaire stratégique de l’impérialisme US et de ses alliés coloniaux européens. La Déclaration Balfour est restée pendant 99 ans une infamante justification purement coloniale du vol de terres et de ressources indigènes et de l’expulsion de millions d’autochtones. Les Palestiniens d’aujourd’hui dans toute la Palestine historique continuent de souffrir du racisme, de l’apartheid, du colonialisme des colons, de l’occupation et de l’oppression comme une ligne directe et ininterrompue de la Déclaration de Balfour à Benjamin Netanyahou.
La Déclaration Balfour marque cependant une autre étape importante: la naissance du mouvement de résistance palestinien moderne. Pendant 99 ans, les Palestiniens se sont organisés, ont lutté et se sont soulevé sans relâche pour se débarrasser des oppresseurs coloniaux et construire un mouvement révolutionnaire pour la libération et le retour. La résistance palestinienne, qui se souleva maintes et maintes fois, en 1922, 1929, 1936, 1948 et ainsi de suite jusqu’à aujourd’hui, a inspiré et construit des liens profonds avec des mouvements de libération dans le monde entier, un exemple de résistance et de révolution. La lutte se poursuit face aux forces impériales les plus puissantes alignées contre leur lutte.

La révolution de 1936
1929-rebellion
Dans le même temps, les forces sionistes ont été habilitées et activement soutenues par la puissance coloniale britannique, en particulier comme un mécanisme pour supprimer la résistance palestinienne, y compris l’armement et la formation des milices sionistes et des forces israéliennes qui ont chassé près d’un million de Palestiniens de leurs maisons et de leurs terres lors de la Nakba de 1948.
L’incarcration politique a été un outil de contrôle colonial dirigé contre le peuple palestinien tout au long de l’histoire des cent ans de lutte palestinienne. De la détention administrative à la confiscation des terres, de l’usurpation d’identité à la démolition des maisons, les outils de la terreur et du réime militaire utilisés par l’Etat sioniste d’aujourd’hui ont été introduits en Palestine par les autorités coloniales britanniques comme moyen de supprimer la révolte indigène pour la libération.
Plus d’un million de Palestiniens ont été emprisonnés dans les prisons coloniales depuis la lettre de Balfour en 1917. Beaucoup des traditions de la lutte des prisonniers palestiniens et le fameux héritage culturel de la poésie de la résistance sont nés dans les prisons lors du mandat colonial britannique. L’exécution par les Britannique de Fouad Hejazi, Mohammed Jamjoum et Atta al-Zeir en 1930 à la prison d’Akka (Acre) a inspiré un chant célèbre de la résistance palestinienne qui est encore chanté aujourd’hui. (voir la vidéo à la fin de l’article). (…)
Aujourd’hui, plus de sept millions de Palestiniens sont expulsés activement et se voient refuser leur droit de retourner dans leurs foyers et leurs terres. Les Palestiniens sont sujets au racisme et à l’oppression sur toute la terre de Palestine, sans oublier toute une série de crimes sionistes contre tout le peuple palestinien, à l’intérieur et à l’extérieur de la Palestine. La Grande-Bretagne non seulement continue à échapper à sa responsabilité fondamentale pour la colonisation de la Palestine mais elle continue sa complicité active et son soutien au projet colonial.
Les dirigeants et les politiciens britanniques menacent d’interdire l’utilisation du sionisme comme terme négatif et tentent de supprimer le mouvement populaire croissant de Boycott, Désinvestissement et Sanctions en soutien au peuple palestinien, tout en agissant à l’ONU et dans d’autres sphères internationales pour activement défendre l’État israélien contre la responsabilité pour ses crimes continus.
Le Réseau Samidoun de Solidarité avec les Prisonniers Palestiniens se joint à la demande de reconnaissance, d’excuses et de réparations pour le peuple palestinien pour les dommages causés par la Déclaration Balfour pendant près de 100 ans de lutte, de la colonisation sioniste de la Palestine et de la Nakba du peuple palestinien. Des excuses ne sont pas suffisantes pour faire face au crime colonial en cours. Tout Palestinien qui se voit refuser le droit de rentrer chez lui, emprisonné dans des prisons de l’occupation, dépouillé de son autodétermination et de sa souveraineté est victime de la Déclaration Balfour.
Alors que nous célébrons près de 100 ans de lutte de libération palestinienne, nous nous engageons à intensifier notre lutte, notre activité et notre organisation pour soutenir les prisonniers palestiniens et la lutte du peuple palestinien pour la libération totale de la Palestine, du fleuve à la mer.