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Un des récits héroïques les plus utilisés par la propagande israélienne était totalement bidonné

30 Octobre 2016

La propagande israélienne a fait, de tout temps un grand usage de récits héroïques des “exploits” de ses fiers guerriers – vous savez : les descendants des rescapés des camps unis pour former “l’armée la plus morale du monde” pour préserver le minuscule refuge des Juifs du monde entier perpétuellement menacé d’anéantissement par ses vilains voisins arabes assoiffés de sang, qui ne rêvent dès le berceau que de les “jeter à la mer” et de déclencher un “deuxième holocauste”.
Char syrien détruit durant la guerre du Kippour en 1973
Photo Roman Frister
Mais voilà, chacun des termes de cette propagande, sans aucune exception, n’est rien de plus qu’un grossier mensonge, élaboré par des officines sionistes spécialisées, particulièrement habiles dans l’exploitation de la culpabilité européenne par rapport à la destruction des Juifs d’Europe par l’Allemagne nazie. Mais il arrive, de temps en temps, que la manière dont ces mensonges ont été fabriqués soit révélée.

C’est ce qui vient d’arriver – comme l’explique Ofer Aderet dans Haaretz – avec les révélations que fait le Général de Brigade (de réserve)  Yair Nafshi, à propos des supposés exploits héroïques du Colonel  Zvika Greengold, qui a été décoré de la “Médaille de la valeur militaire” pour avoir prétendument détruit à lui tout seul pas moins de 60 chars syriens au cours de la “guerre du Kippour”.

Zvika Greengold était devenu un héros national, une véritable légende, dont les exploits ont été inlassablement donnés en exemple aux jeunes générations d’Israéliens, évidemment invités à égaler la bravoure de leurs ainés.  Or, le général Nafshi avoue aujourd’hui qu’il ne s’agit que d’une fable, qu’il avait inventée de toutes pièces pour stimuler le moral des troupes.

Dans un reportage diffusé vendredi dernier par “Channel 2”, le Général de réserve Yair Nafshi a expliqué qu’il avait concocté l’histoire des exploits du Lieutenant Zvika Greengold, à l’époque commandant de char, qui était supposé avoir à lui seul, en octobre 1973, résisté à l’avancée des forces syriennes en détruisant des douzaines de chars ennemis sur le plateau du Golan (aujourd’hui illégalement annexé par Israël).

Nafshi commandait à l’époque un bataillon de la 188ème brigade, dans laquelle servait Greengold. Il a expliqué qu’il avait inventé le récit des exploits de Greengold parce que son unité avait subi de lourdes pertes, et qu’il était urgent de stimuler le moral défaillant des troupes. “Nous devions reconstruire l’unité à partir de rien. Que vouliez-vous qu’on fasse ? On avait besoin d’une histoire…”, dit Nafshi.

Un autre officier interrogé dans le reportage, le Colonel de réserve Amnon Sharon – qui a combattu aux côtés de Greengold et fut fait prisonnier par les Syriens – a affirmé que lorsqu’il a finalement rencontré celui-ci, Greengold n’a fait aucune allusion à la destruction de chars ennemis. “Le public a besoin de connaître la vérité, aussi je ne peux rester silencieux plus longtemps”, dit Amnon Sharon.

Ofer Aderet affirme dans Haaretz avoir découvert que Amnon Sharon avait déjà fait des déclarations similaires dès 1984, ce qui avait déclenché une enquête de la Knesset et du Ministère israélien de la défense. Après quoi, l’armée avait décidé d’examiner les conditions dans lesquelles Greengold avait obtenu sa distinction honorifique. A l’issue de l’enquête, un porte-parole de l’armée avait affirmé que Greengold avait “honnêtement” gagné sa médaille, et on n’en avait plus parlé.

Les premier récits des soi-disant exploits héroïques de Greengold avaient été publiés sous la signature de Renen Schorr, en 1974 dans un hebdomadaire militaire. En 2013, dans une interview conjointe avec Greengold, Schorr avait expliqué avoir découvert ces actes de bravoure “par hasard” en cherchant des sujets pour des articles à propos du Golan.

En 1984, dans un article du quotidien Ma’ariv, Schorr (aujourd’hui à la tête de la “Sam Spiegel Film & Television School” à Jérusalem) s’en prenait à ceux qui – disait-il – cherchaient déjà à “miner” son récit d’actes d’héroïsme avec des affirmations “sans aucun fondement”.

Le “chapeau” du premier récit écrit sur Greengold par Schorr donnait à penser qu’avec un seul blindé, il en avait mis 60 hors de combat : “L’unité de Zvika [Greengold] ne disposait que d’un seul tank, qui a repoussé les attaques des Syriens”, lisait-on.

Aujourd’hui, Schorr a expliqué à Channel 2 qu’il avait été consterné en découvrant la présentation donnée à son article dans le magazine, car – dit-il – il n’avait pas souhaité que l’affaire soit ainsi “gonflée hors de toutes proportions”. Mais il n’avait rien dit de pareil lorsqu’il avait été interviewé en 2013.

Certains, dans l’establishment militaire israélien s’accrochent à l’histoire telle qu’elle a été rabâchée pour l’édification de générations de conscrits israéliens, et – tels le Maj. Gen. Menachem Meron – affirment que “l’histoire de l’unité de Zvika [Greengold] n’est pas un mythe, mais bien un acte de bravoure de Greengold et de ses compagnons d’armes”. Après la guerre de 1973, Meron avait présidé le comité qui avait sélectionné les militaires à qui des distinctions honorifiques devaient être attribuées, et c’est donc à lui que Greengold doit pour une bonne part sa “Médaille du courage”. Il souligne aujourd’hui le sérieux avec lequel ce comité s’était attaché à détecter toutes les exagérations contenues dans les récits de combats qui lui étaient transmis.

Seulement huit soldats, dont Greengold, se virent décerner une médaille pour leur actions durant la “guerre du Kippour”, après approbation par le Ministre de la Défense de l’époque, Shimon Peres.

Greengold lui-même n’aurait jamais fait référence aux “60 chars” inscrits par la propagande à son tableau de chasse, et au fil des années il aurait exprimé quelques réserves à propos des “exagérations” qu’il attribuait aux médias. Dans certaines interviews il avait déclaré qu’il ignorait le nombre de chars ennemis détruits.

Aujourd’hui, il ne réagit pas aux affirmations selon lesquelles toute l’histoire a été inventée pour les besoins de la propagande, mais en 1984 il s’était insurgé contre ceux qui, selon lui, “tentent de souiller une histoire d’héroïsme qui a servi à l’éducation de générations de soldats”.

C’est vrai, après tout, pourquoi chercher la vérité sur cet épisode assez mineur, alors que tout le récit historique du sionisme n’est qu’un vaste assemblage de mensonges délibérés, autrement lourds de conséquences ?