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« Si j’étais en Palestine… ». Exposition de photos au Parlement européen.

12 Septembre 2016

Du 5 au 9 septembre, une exposition de photos traitant de la question des prisonniers politiques palestiniens s’est tenue dans le hall principal du Parlement européen. Cette initiative a été prise par Palestina Solidariteit en Belgique, en collaboration avec ADDAMEER, une association qui soutient les prisonniers et les droits de l’homme en Palestine.



Quarante membres du Parlement européen, de l’ensemble du spectre politique et géographique, ont posé derrière des barreaux de prison factices afin de témoigner de leur solidarité avec les prisonniers politiques palestiniens. En entreprenant cette action, les députés européens souhaitaient mettre en évidence le fait que, s’ils devaient poursuivre leurs activités professionnelles en tant que Palestiniens vivant sous occupation militaire, ils seraient vraisemblablement confrontés à la prison à un moment ou l’autre de leur existence. Un message visuel fort et une expérience unique et puissante.


Salah Hamouri
Lors de l’inauguration, le 6 septembre, M. Salah Hamouri et M. Yamin Zidan étaient présents à Bruxelles pour nous faire partager leurs expériences personnelles. M. Salah Hamouri a passé sept ans dans les prisons israéliennes, dont trois en tant que détenu administratif. Il a parlé des techniques brutales d’interrogatoire utilisées contre les Palestiniens et des conditions rudes auxquelles sont confrontés les prisonniers une fois qu’ils ont été incarcérés. Il a témoigné du haut niveau de négligence médicale et aussi des intenses pressions psychologiques que subissent les prisonniers et leurs familles, insistant particulièrement sur le fait que les prisonniers mineurs d’âge, dont certains ont à peine douze ans, ne peuvent recevoir que de très rares visites de leurs parents et n’ont même pas le droit d’avoir le moindre contact physique avec eux.

M. Yamin Zidan a raconté son histoire personnelle émouvante en soulignant comment il avait rejoint les Services pénitentiaires israéliens en qualité de gardien de prison, évoquant en même temps ses motivations nationalistes suite à la mort de ses deux frères lors de leur service militaire. Après avoir vu les conditions dans lesquelles les prisonniers politiques étaient jugés, condamnés et incarcérés, il avait opéré un changement de carrière radical et était devenu avocat afin de défendre ces mêmes prisonniers.


Yamin Zidan
Remettant en question le discours qui lui avait été inculqué, il avait découvert une histoire personnelle qui lui avait été dissimulée et avait appris comment la minorité druze elle-même avait été occupée et opprimée afin de soutenir un État pratiquant la discrimination à l’égard des Palestiniens.

Les deux orateurs ont expliqué, faisant référence à leurs expériences personnelles, comment le système était conçu pour garantir la condamnation et l’emprisonnement de nombreux Palestiniens, et tout particulièrement de ceux qui sont actifs sur le plan politique. Ils ont condamné le recours à un système de cour martiale qui pratique la discrimination raciale à l’égard des Palestiniens et que l’on utilise pour briser les esprits et incapaciter la société palestinienne.

Madame Ana Gomes, la députée européenne qui accueillait cette exposition, a clôturé l’événement en invitant l’Union européenne à faire davantage en ce qui concerne ces milliers de prisonniers. Elle a remis en question la façon dont l’État israélien, qui refuse leurs droits fondamentaux à des milliers de prisonniers politiques palestiniens, peut ensuite se prétendre démocratique et œuvrer pour la paix et la sécurité et, qui plus est, en collaboration avec les États-Unis.


Ana Gomez
Actuellement, plus de 7 000 prisonniers politiques palestiniens sont détenus dans des prisons israéliennes. Depuis 1967, plus de 850 000 Palestiniens ont été emprisonnés. L’intérêt de la communauté internationale pour leur combat n’a cessé de croître dans le sillage d’une vague récente de grèves de la faim organisées afin de protester contre la pratique de la détention administrative. (*) (**)

Cette exposition a été présentée simultanément au Forum argentin de solidarité avec les prisonniers politiques palestiniens les 5 et 6 septembre.

Pour plus de renseignements : +32 485 12 14 60, media@palestinasolidariteit.be

Vous pouvez voir un reportage-vidéo (en arabe) de l’événement ICI

Traduction d’un texte en anglais :  Jean-Marie Flémal

(*) La détention administrative est une procédure permettant à l’armée israélienne de détenir des prisonniers indéfiniment sur base d’informations secrètes, sans les accuser ni leur permettre de passer en procès. L’ordonnance de détention administrative peut être décrétée pour une période allant jusqu’à six mois et elle peut être reconduite indéfiniment.

(**) Le projet de recherche LAWTRAIN de l’Union européenne sur les techniques d’interrogatoire doit être dirigé par l’Université israélienne de Bar Ilan, ainsi que par la police israélienne. Le Service public fédéral belge de la Justice et l’Université catholique de Louvain (KULeuven) participent également à ce projet. Suite à de virulentes critiques à l’égard de cette coopération avec les violations par Israël des lois internationales, le gouvernement portugais a annulé sa participation au projet.