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Portés par l’association Ardèche Images, les États généraux du film documentaire vivent cette semaine leur vingt-huitième édition.

21 Août 2016

Par sa forme – ramassée sur une semaine –, sa densité de programmation – construite avec des projections en matinée, en après-midi et en soirée dans cinq salles et/ou en plein air – les États généraux du film documentaire ont tous les atours d’un festival. Sauf qu’à être un brin puriste, on se refuserait volontiers à l’emploi du qualificatif pour la manifestation. D’abord, parce que la connotation historique évidente de son intitulé signale d’emblée sa conception ambitieuse. À mille lieues du principe majoritaire de consommation culturelle sur laquelle se fondent aujourd’hui nombre de festivals, les États généraux aspirent à construire à travers leur projet un rapport singulier aux œuvres.

Né en 1989 et sis à Lussas, village ardéchois, le rendez-vous propose depuis bientôt trente ans une semaine de découvertes de films, certes, mais aussi d’échanges de savoir-faire et de rencontres. Ainsi, a contrario de la majorité des festivals de cinéma, les États généraux sont non-compétitifs (un choix qui n’a rien d’anodin et qui positionne les acteurs de ce champ dans un rapport d’échange et non de rivalité). La manifestation préfère articuler aux traditionnelles projections de films des séminaires et ateliers portant sur les multiples enjeux du documentaire (de son propos à ses formes, de ses conditions de création, à celles de production comme de diffusion) ou des rencontres professionnelles.

Franco, Lampedusa et rétrospectives
Parmi les propositions de l’édition 2016, citons, par exemple, les trois rétrospectives “Fragments d’une œuvre” dédiés à John Smith, réalisateur britannique ; Babette Mangolte, réalisatrice, photographe et artiste visuelle connue notamment pour sa collaboration avec Chantal Akerman ; et le cinéaste israélien et palestinien Kamal Aljafari.

Ou, encore, “Histoire de Doc”, qui aborde, comme l’explique l’un des deux concepteurs du programme Kees Bakker, deux moments de « l’histoire de l’Espagne : la Guerre civile de 1936-1939 et la transition de la dictature de Franco vers une démocratie, au milieu des années soixante-dix. Durant ces deux périodes de chaos et d’espoirs contrariés, le cinéma a joué un rôle très important. Il fut employé à la fois pour influencer la population et/ou la communauté internationale et pour mobiliser la solidarité de part et d’autre, mais aussi comme vecteur d’idées et d’espoir [1] ». L’actualité n’est pas en reste, et les États généraux s’ouvriront notamment avec Fuocoammare, par delà Lampedusa, documentaire de 2015 de Gianfranco Rosi s’intéressant à l’île tristement emblématique de l’hypocrisie et des désastres des politiques européennes.

Autant de possibilités pour, pour reprendre les termes de l’édito signé des deux co-directeurs Pascale Paulat et Christophe Postic, « partager une parole publique autour de films qui ont l’ambition de penser le cinéma comme une expérience, une tentative de transformation du monde qui ne peuvent passer que par une forme d’engagement, par la pensée, l’action, l’imagination ».