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“Lettres d’amour du Brésil à l’Irak” : une exposition photographique envoie des messages de paix

8 Août 2016

[Article d’origine publié en portugais le 3 juin 2016] Moins de douleur, plus de poésie, plus de respect, moins de guerre : ces désirs peuvent paraîtrent utopiques à un moment où dominent l’intolérance et l’irrespect de l’autre. Pourtant une exposition photographique, “Lettres d’amour du Brésil à l’Irak” montre qu’il est possible d’ouvrir un chemin en s’appuyant sur ces valeurs même dans les zones de conflits.

Cette exposition, déjà présentée dans la Galerie Daratal Tasweer, à Amman (Jordanie), et dans les rues de Bagdad en Irak, est arrivée au Brésil : 72 oeuvres, un échange entre 21 photographes brésiliens et 15 Irakiens. On doit l’organisation de cette exposition à Renato Negrão, professeur de photographie à la Panaméricaine, au président de l’ONG “Larsa for Human Rights” et à l’IPC-Iraq Photograph Center, représenté par Abo Al Hassan.

Lors d’un entretien avec MigraMundo, Renato Negrão explique que cette exposition souhaite porter un message de paix au temps actuel, des signaux positifs entre êtres humains de cultures différentes. “Nous sommes fatigués de cette douleur et nous avons besoin de plus de poésie. C’est dans cet esprit que cette exposition a été accueillie en Irak et en Jordanie et j’ai bon espoir qu’il se produira la même chose au Brésil !!”

Photo de l’exposition “Lettres d’amour du Brésil à l’Irak”. Crédit: Hassan Haci, utilisée avec permission.

Exposition “Lettres d’amour du Brésil à l’Irak”. Crédit : Mothna Al Hedethy
MigraMundo: comment s’est mis en place le partenariat avec les photographes irakiens?

Renato Negrão: Au travers d’une invitation en 2012 à participer au titre de photographe à la première édition de cette exposition. A partir de là nous sommes restés amis sur les réseaux sociaux et l’année dernière est arrivée  l’invitation à organiser une nouvelle exposition, rassemblant des photographe brésiliens et irakiens.

Quel a été votre critère pour sélectionner les images?
On avait quelques exigences. Comme ce projet était tourné vers la propagation d’idées positives, j’avais demandé que les photographes n’envoient pas d’image tristes, qu’ils évitent les sujets religieux; je ne pense pas que l’art doive fonctionner comme la politique. L’art pour moi est un mode d’expression de l’être humain. Et dans la politique il est toujours nécessaire de défendre un côté, automatiquement en s’opposant à un autre. Je n’ai pas envie d’associer mes projets à tout ça. Les thèmes associés à la sensualité et la sexualité ne devaient pas non plus apparaître dans cette exposition.

La communauté arabe du Brésil est assez importante. Elle inclut maintenant des réfugiés de pays comme la Syrie, le Liban, l’Irak et la Palestine. Quel type de dialogue, quel impact cette exposition peut-elle avoir sur cette communauté, contribuant à briser les stéréotypes la concernant ?
Elle peut avoir une contribution dans la mesure où un message de paix peut exister sans idées préconçues sur des questions faisant polémique. Personnellement je pense que nous partageons la même planète et que ce qui se produit dans n’importe quel coin du monde a une répercussion positive ou négative dans n’importe quel autre endroit. Mes projets en tant qu’organisateur ou photographe s’inscrivent dans cette orbite. En tant qu’enseignant, je m’efforce également de faire passer ces messages de respect et de compréhension sur la question de l’immigration. En fin de compte nous sommes un pays où nous tirons notre orgueil de notre descendance, nous sommes des fils d’immigrants et nous avons tout particulièrement le devoir de respecter ceux qui arrivent d’ailleurs.

Photo de l’exposition “Lettres d’amour du Brésil à l’Irak ”. Crédit: Karina Ammar

Photo de l’exposition : “Lettres d’amour du Brésil à l’Irak”. Crédit: Mootaz Sami
Cette exposition a déjà été présentée en Irak et en Jordanie. Quel a été l’accueil du public, compte-tenu de sa proximité avec des zones de conflit ?
Le meilleur possible, j’ai été présent à l’inauguration de l’exposition d’Amman, en Jordanie, j’ai été témoin de l’émotion de nombreuses personnes devant ces images. Par exemple cette jeune Irakienne réfugiée avec sa famille en Jordanie. Elle s’est arrêtée face à une photo de Valerie Mesquida et a dit, très émue : “Cette fille, marchant pied-nus dans la nature , c’est moi, c’est mon désir de liberté, c’est l’espérance de mon avenir”. C’était beau d’entendre ça !

Nous sommes fatigués de la souffrance et avons besoin de plus de poésie; c’est exactement de cette façon que cette exposition a été reçue en Irak et en Jordanie ; j’espère qu’il en sera de même au Brésil !!

L’exposition a l’ambition de dépasser les frontières, de raconter des histoires, de rapprocher et transformer les personnes. Comment voyez-vous ce projet face à un contexte politique national et international dans lequel  prévalent  des sentiments et des actes d’irrespect et intolérance aux autres ?
L’exposition vise à porter un message de paix, ce que l’on en fera n’est pas de mon ressort. J’ai l’espérance qu’elle sera une possibilité de réflexion sur un rapprochement non seulement entre Brésiliens et réfugiés mais également entre nous qui nous entourons de bien des affrontements liés à des divergences d’idées. Je crois en l’être humain, et je suis certain que de bonnes attitudes peuvent générer un changement vers le bien, je suis un optimiste par nature.

La photo à l’origine de l’émotion de la jeune réfugiée irakienne pendant l’exposition en Jordanie, elle fait partie de l’exposition “Lettres d’amour du Brésil à l’Irak”. Crédit: Valerie Mesquita

Photo de l’exposition “Lettres d’amour du Brésil à l’Irak”
Crédit: Ellion Cardoso
Que ressentez-vous en revoyant ces images réalisées dans le passé et exposées aujourd’hui devant le public ?
La sensation du devoir accompli, et que cela vaut la peine de lutter pour une bonne cause.

Que vous a laissé ce travail ?
Une justification de la lutte pour de bonnes idées et pour la paix.

L’exposition “Lettres d’amour du Brésil à l’Irak” était présentée du 12 mai au 12 juin , à l’Ecole Panaméricaine d’Art et de Design – Av. Angélica, 1900, São Paulo (Brésil)