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Le monde musulman indigné par un attentat suicide dans la ville sainte de Médine

Par Jeune Afrique, 6 Juillet
2016.

Les autorités musulmanes ont
condamné mardi avec force l’attentat suicide sans précédent perpétré lundi soir
en Arabie saoudite, près de la Mosquée du Prophète à Médine, deuxième ville
sainte de l’islam après La Mecque.

Cette attaque dans la deuxième
ville sainte de l’islam après La Mecque, perpetrée à la veille de la fin du
ramadan, a provoqué l’indignation générale des responsables sunnites comme
chiites, jusqu’en Iran, grand rival régional de l’Arabie saoudite.

Le comité des oulémas saoudiens,
la plus haute autorité religieuse du royaume, a qualifié les responsables de
l’attentat de « renégats qui ont violé tout ce qui est
sacré ». De son côté, le président de Majlis al-Choura (Conseil
consultatif), Abdallah al-Cheikh, a souligné que « ce crime répugnant ne
peut venir d’une personne ayant la moindre foi ».

Al-Azhar, la plus haute autorité
de l’islam sunnite, basée au Caire, a également condamné cet acte avec force et
rappelé la « sacralité des lieux saints, particulièrement la mosquée du
prophète ». Le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, a
quant à lui condamné « un acte lâche » et appelé à
« l’intensification de la coopération contre le terrorisme ».

Il n’y a plus de ligne rouge pour
les terroristes

En Irak, où un attentat-suicide perpétré dimanche
à Bagdad a fait plus de deux-cents morts
, le ministère des Affaires
étrangères a estimé que ces attentats « témoignent de l’idéologie
déviante que portent les bandes takfiries (extrémistes sunnites, NDLR) comme
Daesh » (acronyme arabe de l’État islamique) ».

En Turquie,
précédemment frappé le 28 juin par un triple-attentat suicide dans
l’aéroport Atatürk de la métropole d’Istanbul
 qui a tué 41
personnes et fait 239 blessés, le Premier ministre a dénoncé « le
terrorisme [qui] ne fait pas de distinction entre les religions, les peuples et
les valeurs sacrées ».

Même les talibans afghans ont
dénoncé « un acte d’inimitié et de haine » qui ne peut « être
acceptable ou tolérable ». « Ce crime doit inciter les musulmans à le
combattre physiquement et intellectuellement », a ajouté le mouvement dans
un communiqué cité par SITE, le centre américain de surveillance des sites
islamistes.

L’Iran chiite a pour sa part
condamné « fermement le terrorisme sous toutes ses formes et partout dans
le monde » et appelé à « l’unité internationale et régionale contre
ce phénomène », selon les propos de Bahram Ghassemi, le porte-parole du
ministère des Affaires étrangères. Pour Mohammad Javad Zarif, le chef de
la diplomatie iranienne, « il n’y a plus de ligne rouge pour les
terroristes. Les sunnites et les chiites en seront victimes à moins que nous
soyons unis ».

Attentat attribué à l’EI

L’attaque de Médine, qui a coûté
la vie à quatre gardes de sécurité, est l’un des trois attentats qui
ont frappé l’Arabie saoudite lundi soir
, lesquels n’ont pas été
encore revendiqués. Mais leur mode opératoire rappelle celui des jihadistes de
l’EI, qui a mené plusieurs attentats suicides meurtriers en Arabie saoudite
depuis plus d’un an.

Dans la ville sainte,
l’attaque s’est produite en début de soirée devant la Mosquée du Prophète,
situé à l’est de Médine, ville où Mahomet a passé les dix dernières années de
sa vie. Un site très fréquenté par les fidèles en ces derniers jours du mois de
Ramadan.

Selon le ministère de
l’Intérieur,  les forces de sécurité avaient repéré un suspect dans un
parking qui se dirigeait vers la Grande mosquée. « Alors que des agents de
sécurité tentaient de l’intercepter, il a fait actionner sa ceinture
d’explosifs, tuant quatre d’entre-eux et blessant cinq autres », a précisé
le ministère.

Membre de la coalition contre
l’EI

Poids-lourd régional, l’Arabie
saoudite fait partie de la coalition internationale qui, sous commandement
américain, combat l’EI en Irak et en Syrie. Elle dirige en outre depuis mars
2015 une coalition arabo-sunnite qui lutte au Yémen contre les rebelles chiites
houthis.

Depuis plus d’un an, les
autorités saoudiennes ont multiplié les arrestations d’islamistes radicaux.
Elles ont annoncé en 2015 le démantèlement d’un groupe lié à l’EI avec
l’interpellation de centaines de suspects, en majorité des Saoudiens.