General

Burundi : 345 cas de torture selon l’ONU

di Jeune Afrique,
19 Aprile 2016.


Une équipe du
haut-commissariat aux droits de l’homme s’est rendue la semaine
passée au Burundi. Elle a fait état d’une hausse des cas de torture
et de mauvais traitements dans le pays.

 


«Depuis le début de
l’année, mon équipe a enregistré au moins 345 nouveaux cas de
torture et mauvais traitements. Ces chiffres choquants indiquent
clairement le recours généralisé et grandissant à la torture et
aux mauvais traitements par les forces de sécurité
gouvernementales»
, a déclaré le haut-commissaire aux droits de
l’homme Zeid Ra’ad Al Hussein dans un communiqué du 18
avril.


600
victimes depuis avril 2015


Au total, quelque 595
victimes de torture ou de mauvais traitement ont été répertoriées
par l’agence des Nations unies depuis le début de la
crise au Burundi
, suite à l’annonce de la candidature du
président
Nkrurunziza
à un troisième mandat en avril 2015. Un
chiffre probablement sous-estimé, pointe le communiqué sachant que
les auteurs bénéficient «d’une impunité totale».



Ce constat s’appuie sur
les conclusions d’une équipe du haut-commissariat aux droits de
l’homme qui a effectué une visite au Burundi la semaine dernière,
au cours de laquelle elle a pu se rendre dans les locaux du Service
national de renseignement (SNR) à Bujumbura. Sur les 67 personnes
détenues dans les locaux du SNR, 37 présentaient des signes de
torture et 25 étaient maintenus en détention au-delà du délai
réglementaire, indique le communiqué.



«Beaucoup de détenus
rencontrés par nos équipes au cours des dernières semaines
présentaient des blessures encore fraîches. Certains étaient
incapables de marcher sans assistance, après avoir été battus avec
des ceintures, des barres en fer et des objets pointus, ou brûlés.
Je suis profondément troublé par ces terribles récits et j’appelle
le gouvernement burundais, dans les termes les plus forts, à mettre
immédiatement un terme à ces pratiques inacceptables et illégales»
,
a déclaré Zeid Ra’ad Al Hussein.


Arrêtés pour
des délits mineurs et torturés


La plupart ont affirmé
qu’ils avaient été torturés ou maltraités pour les forcer
à avouer leur soutien à des groupes rebelles ou à fournir le nom
d’autres personnes soupçonnées de soutenir ces groupes.
Certains ont déclaré avoir été témoin du meurtre de
plusieurs de leurs collègues.


Par ailleurs, bien que
tous les détenus aient été arrêtés pour des délits mineurs, les
accusations mentionnées dans le registre du SNR contre nombre
d’entre eux concernaient des infractions beaucoup plus graves,
dont celle d’atteinte à la sécurité de l’État, possession
illégale d’armes et espionnage, pointe le communiqué.



Outre les locaux du SNR,
les cas de torture et de mauvais traitement, en nette hausse, ont
lieu dans les postes de police situés en particulier dans les
quartiers contestataires de la capitale Citiboke et Musaga, et dans
le camps militaire de Mutakara, autre quartier contestataire de
Bujumbura. 

Le haut-commissaire s’est dit également «profondément
préoccupé par des informations sur l’existence de lieux de
détention secrets à travers le pays».


Les
ex-FAB pris pour cible


Ce dernier a dit
par ailleurs avoir reçu des «informations persistantes» sur des
arrestations, tortures, disparitions forcées et assassinats de
certains membres de la police et de l’armée par d’autres membres
des forces gouvernementales. Les
membres et officiers des anciennes Forces armées burundaises, aussi
connues sous le nom d’ex-FAB et à prédominance tutsie, «semblent
être particulièrement pris pour cible».