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Vendredi noir : au-delà de l’émotion, des questions vitales




Fausto Giudice Фаусто Джудиче فاوستو جيوديشي




Je
peux comprendre l’émotion qui a saisi les Parisiens, les Français et
tous ceux qui s’identifient avec eux. Le vendredi noir parisien a de
quoi faire hurler. Mais l’émotion ne doit pas nous empêcher de
réfléchir. Plusieurs points que je soumets à celles et ceux qui essaient
encore de réfléchir.
1- Oui ou
non, une vie humaine en vaut-elle une autre ? Pourquoi des morts à Paris
onzième seraient-ils plus graves que des morts pour les mêmes causes à
Bourj El Brajneh, Peshawar, Raqqa, Kaboul ou n’importe où ailleurs dans
l’Orient “lointain” (lointain de quoi ?)

2-Le président français, son gouvernement, les médias et donc la société
française viennent apparemment de découvrir que la France était en
guerre. Cela, nous, l’humanité qui vit au sud de la Méditerranée, nous
le savions depuis longtemps. Quand l’armée française bombarde, tire,
ratisse, tue, parfois viole, au Mali, en République centrafricaine, en
Syrie, en Irak, comment cela s’appelle-t-il ? Ce n’est pas de la guerre ?
C’est un jeu vidéo ?

3- Comment peut-on s’étonner que des groupes humains, quels qu’ils
soient, auxquels on dit aujourd’hui faire la guerre, après les avoir
soutenus et encouragés, ne se vengent pas, avec les moyens à leur
disposition ? Les auteurs des attentats de Paris ne disposent pas
d’aviation de guerre, de blindés, de drones. Ils mènent donc la guerre à
leur manière, en allant sur le territoire de l’ennemi, où, de “faibles”
qu’ils étaient, ils deviennent “forts”, parce qu’ils ont à leur
disposition tous les canaux de communication de l’ennemi. Oui, c’est une
guerre, et, comme dans toute guerre, il y a deux camps, et c’est une
guerre asymétrique, où chaque protagoniste est “faible” chez lui et
“fort” sur le territoire ennemi.  Et
ce qui donne sa force au “faible” face au “fort”, c’est le sentiment
qu’il a de se venger de celui qui l’a trahi. Bonjour Œdipe !

4-Qui peut croire que l’état d’urgence, la fermeture des frontières et
autres mesures de guerre vont faire disparaître le monstre qu’on dit
vouloir combattre ? Ne faudrait-il pas plutôt :
a) S’interroger enfin “impitoyablement” sur les liens étroits de la France avec les fauteurs et financeurs du terrorisme ?
b) S’interroger sur le bien-fondé de la position va-t-en-guerre
adoptée par Hollande et son ministre Fabius dans les contacts et
négociations sur la Syrie ?

c) que de se poser la question de savoir si des terroristes ne se sont
pas infiltrés dans les flots de réfugiés qui ont “envahi” l’Europe, se
demander comment contribuer vraiment à rétablir une paix juste en Syrie,
Irak, Yémen, Libye, Afghanistan ?